Églises et clochers - Sainte Croix des deux Creuse

Index  alphabétique  par  commune

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Notre objectif est de présenter au moins un paragraphe, avec une photo ou une image, pour chacun des clochers de la paroisse Sainte Croix des Deux Creuse. 

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Un grand merci à celles et ceux qui ont participé à la rédaction et à l'illustration des paragraphes de cette page !...

narthex 

site Internet sur l'art sacré, le patrimoine religieux, la création artistique dans le domaine religieux, etc.


De bonnes lectures :

"Retables et tabernacles des XVII° et XVIII° siècles dans les églises de la Creuse" par Simone de Montessus de Ballore Lecointre. Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1988


"Églises de France, Creuse" par Louis Lacrocq, Éditions Letouzay et Ané, 1934. 


Les églises de la Creuse par Alain Mingaud, Éditions Lucien Souny, 2006.

Blaudeix  -  Église St Jean-Baptiste

Cette église (photo 1), de style gothique, a été construite à la fin du XIII° siècle (sauf la flèche) ; c'est une ancienne commanderie de l'ordre des Templiers (ordre militaire et religieux, photos 4 et 5), ce qui explique que l'église ait été fortifiée. Preuve de ces fortifications : la pierre percée (à gauche sur la photo 2) est une meurtrière de cette ancienne commanderie. Les joints jaunes qui relient les pierres des murs sont d'origine, et quand il pleut, ils gonflent pour bien sceller ces pierres entre elles.

Les Templiers avaient pour mission de protéger et d'accompagner les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem, tout au long de leur itinéraire. Mais en 1312, l'ordre du Temple fut dissous en France par le pape Clément V, et ce sont les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui récupèrèrent la commanderie de Blaudeix (d'où le patronage par St Jean-Baptiste), jusqu'à la Révolution, où elle fut vendue comme bien national. La chapelle a été réaffectée au culte au XIX° siècle ; les autres bâtiments sont tombés en ruines.

La grille (photo 3) permettait d'accéder à une cache des... trésors de la chapelle templière ! Mais à la Révolution, les reliques et les pierres précieuses dont les pèlerins de St Jacques de Compostelle se frottaient les yeux  pour recouvrer la vue, ont disparu... Toutefois, l'église a gardé divers ostensoirs et objets liturgiques anciens (photo 6).

Il subsite également trois pierres, restes de tombeaux où ont été retrouvés des ossements, des corps brûlés, et tout un assortiment de vaisselles : c'était (comme au temps des momies égyptiennes) pour que la personne enterrée ne parte pas vers l'au-delà les mains vides ! survivance du paganisme et manque de confiance en les promesses du Christ...

 En savoir plus sur l'Ordre du Temple.

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Bord St Georges - Église St Sulpice

<= (photo 1) L’église St Sulpice, au cœur du village de Bord Saint Georges, dépendait autrefois de l'abbaye de Chambon sur Voueize ; elle a été restaurée à l’époque moderne.
Elle possède un clocher typiquement creusois, sur une base carrée prolongée par une flèche octogonale couverte d’ardoises.
En entrant dans l'édifice, le visiteur est frappé par son ambiance singulière. Les volutes peintes de chaque côté de la nef, ainsi que les peintures colorées et le magnifique retable du chœur, donnent l’impression d’entrer dans un théâtre baroque, avec un sentiment de profondeur et de profusion. En effet, ce bâtiment héberge de nombreux objets et statues.
La première statue, en entrant à gauche, est celle de St Georges terrassant le dragon. Cette imposante œuvre en pierre calcaire polychrome du XV° siècle a été inscrite à l'ISMH (Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques) en 1995. Sur le mur, de part et d’autre de St Georges, un monument commémoratif de la Grande Guerre présente un décor composé d’un soldat et d’un gaulois. Les photos des morts et disparus, sur des plaques en porcelaine, encadrent ce monument ; à l’arrière se trouve un lavabo ou peut-être un bénitier, avec une représentation peinte du St Esprit. D’autres sculptures peuplent l’édifice et donnent un sentiment d’abondance... Citons-en quelques-unes :

  • la statue sulpicienne de Ste Jeanne d’Arc, près de celle de St Georges
  • deux statues d’anges lampadophores (= porteurs de luminaires) du XIX° siècle, en pendant près de l’autel
  • deux statues de Ste Germaine de Pibrac, la sainte bergère, près du chœur
  • les imposantes statues de St Joseph et de Notre Dame de Grâce, de part et d’autre de l’autel
  • une statue de l’Enfant Jésus de Prague, à droite du retable
  • une statue de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus
  • une statue du Sacré Cœur de Jésus (XIX° siècle)
  • une statue de St Antoine de Padoue (XIX° siècle)
  • une statue plus ancienne (XV° ou XVI° siècle) en bois, représentant une Sainte non identifiée...
  • (il est à déplorer le vol en 2015 d'une statuette de la Vierge en faïence de Nevers, du XVIII° siècle, inscrite à l'ISMH en 1992).

La chaire à prêcher est très bien conservée, tout comme son escalier.
Le chemin de croix est relativement récent (XIX° siècle).

La chapelle Nord (à gauche du chœur), porte encore des restes de fresques de couleur bleue.            
Le chœur à chevet plat, en son imposant retable baroque du XVII° siècle, intègre les sculptures de St Sulpice le Pieux, archevêque de Bourges au VII° siècle et patron de l'église, et de St Christophe portant le Christ, qui lui-même porte le monde. La partie centrale a été ajoutée au XIX° siècle. Une clôture de chœur, heureusement conservée, met l’ensemble en valeur.
La chapelle Sud est remarquable, avec son retable baroque et le tableau de la remise du rosaire à St Dominique par la Vierge Marie (1727), classé au titre des Monuments Historiques. A noter deux statues sur la partie haute : l’éducation de la Vierge par Ste Anne, ainsi qu’une Vierge à l’Enfant.
Une belle bannière de procession en velours brodé, en l'honneur de St Georges, se situe au-dessus de la seconde entrée de l’église (au Sud). Elle est aussi inscrite à l’ISMH.
Un seul regret : le manque de vitraux ; seuls deux subsistent aujourd’hui : celui de St Georges et celui de la Vierge.

A proximité (photo 2) : le monument aux morts des deux Guerres Mondiales se trouve dans le jardinet planté de rosiers à côté de l’église ; il présente un aigle (symbole de l’empire allemand) terrassé par un soldat (français, évidemment !), sous les yeux du coq gaulois, fièrement dressé (ailes ouvertes) en haut de l'obélisque. Devant le monument, un "crapouillot" (petit canon de tranchée, utilisé par l'armée française pendant la 1° guerre mondiale). En contrebas, près des escaliers, se dresse une belle croix ancienne.  

Boussac  -  Église Ste Anne

Boussac est surtout connu par son château du XV° siècle, ancien siège de la sous-préfecture, dans lequel Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments Historiques et écrivain, redécouvrit en 1841 la suite des six tapisseries de la "Dame à la Licorne", maintenant exposées au Musée de Cluny à Paris. Ce château, aujourd'hui propriété privée, se visite et présente, entre autres, plusieurs magnifiques tapisseries de Dom Robert.

L'église Ste Anne remonte au XIII° siècle, mais a été profondément remaniée au XV° siècle. Des chapelles latérales ont été ajoutées, lui donnant la forme d'une croix de Jérusalem. Son clocher, à la flèche octogonale fine et élancée, est recouvert de bardeaux de châtaignier.

Sainte Anne, patronne de cette église, est la mère de la Sainte Vierge Marie. On la fête, avec son époux Saint Joachim, le 26 juillet.

Ci-dessus : cette photo originale de l'autel de l'église Ste Anne a été prise le 8 mai 2019, à l'occasion de la commémoration de l'armistice du 8 mai 1945. Admirer le magnifique tabernacle ainsi que le crucifix moderne à gauche. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

  Voir un reportage photo sur cette église.

  En savoir plus sur l'église Ste Anne, les tapisseries de la Dame à la Licorne, et les autres éléments remarquables du patrimoine, sur le site Internet de la commune de Boussac

  Site Facebook du château de Boussac (on peut le regarder sans avoir de compte Facebook).

Bussière St Georges - Église St Georges

Histoire : L’église de Bussière Saint Georges est très logiquement placée sous le vocable de Saint Georges, le saint cavalier pourfendeur du dragon. Bien que le site ait été peuplé dès  l’époque gallo-romaine, l’origine de l’église actuelle doit remonter au XII° siècle, comme beaucoup d’églises des environs. La trace visible de cette origine est la présence des modillons sur le haut du mur de l’abside, grossièrement sculptés en forme de visages humains, ainsi que celle de quatre petites fenêtres obturées, mais encore visibles sur le mur Sud de la nef et également sur  l’abside. L’ancienne paroisse de Bussière St Georges était, elle, placée sous la protection des saints jumeaux Gervais et Protais. Le jour de leur fête commune, le 19 juin, avaient lieu des foires sur la place du bourg, ainsi que des processions à une source située à une centaine de mètres de l’église et aménagée en lavoir. 

L’église fut naturellement restaurée à plusieurs reprises, et même, semble-t-il, reconstruite vers 1625 (un graffiti découvert sous les boiseries l'indique). Les restaurations ultérieures datent de 1842 et 1887. Le clocher est typique des clochers creusois, de plan carré tronconique passant sans transition au plan octogonal.

Cimetière : Devant l’église, côtés Nord et Est, se trouvait l’ancien cimetière, transféré en dehors du bourg sur un terrain offert à la commune par un généreux donateur, Jean-Baptiste Pignot, en 1842. Depuis le XVIII° siècle, le mouvement de transfert des cimetières à l’extérieur était engagé, suite à un décret royal de Louis XVI. Ce déplacement était rendu ici d’autant plus nécessaire que le sol très rocheux de son emplacement ne permettait que des inhumations à trop faible profondeur. Après le transfert, et du fait du développement de la commune, qui compta jusqu’à 803 habitants à cette époque, il fut question de construire le nouveau presbytère sur cet emplacement, mais on dut renoncer à ce projet et le donateur intervint de nouveau pour offrir un terrain un peu excentré par rapport au bourg ; le presbytère, qui existe toujours, y fut construit en 1844, favorisé de plus par un don de la reine Marie-Amélie, épouse du roi des Français, Louis-Philippe.

Croix de granit : Près du jeune tilleul se trouve une croix de granit, vraisemblablement du XIX° siècle ; elle a été raccourcie d’environ un mètre suite à sa réparation après sa chute dans les années 1990. Devant la croix se trouve une pierre plate, de granit elle aussi, dite « pierre des morts » ; c’est en effet sur cette pierre que traditionnellement on posait le cercueil arrivant à l’église. Son extrême simplicité ne permet pas de la dater précisément. 

Cloches : Les deux cloches, quant à elles, sont datées comme c’est souvent le cas. L’inscription de la petite cloche nous dit : «  L’an 1868, j’ai été bénite par Monsieur Jean-Baptiste Justin Peyroux, curé de Bussière St Georges, Monsieur Jean Ladet étant maire, et faite par la générosité des habitants de la paroisse et en  particulier de Monsieur Louis Lebas, grand-père du parrain. J’ai eu pour parrain Monsieur Louis Silvain Pascouret, fils de Feu Silvain Pascouret et de Feue Virginie Marguerite Lebas, et pour marraine Mlle Marie-Eugénie Guy, fille de Monsieur Jean Guy et de Madame Françoise Pascouret. Bollée et ses fils, fondeurs à Orléans, 1868 ». L’inscription de la grosse cloche est la même, à l’exception du nom du parrain : Jean Tabourin, fils de Monsieur Tabourin et de Mme Maria Auclerc et du nom de la marraine : Mme Marie-Pauline Ladet, fille de Monsieur Antoine Ladet et de Mme Jeanne Debize. A noter que la famille des fondeurs Bollée est installée à St Jean de Braye (près d'Orléans, Loiret) depuis 1838, et qu’elle a fourni 40 000 cloches, qui sonnent notamment à Amiens, Chartres, Tours, Reims, Solesmes, Dakar, Yamoussoukro, Ottawa, Buffalo, Ho-Chi-Minh-ville, etc…

Intérieur, statues, vitraux : A l’intérieur, on découvre une disposition classique en croix latine ; on voit nettement la séparation entre la voûte du chœur et celle de la nef, mal raccordées au moment d’une reconstruction, vraisemblablement en 1842. La chapelle du Nord est consacrée à la Vierge, celle du Sud à St Georges ; elles datent toutes deux de 1887. Le grand autel est de style baroque, en bois peint en trompe-l’œil de marbre rouge et gris, du XVIII° siècle ; il recouvre une très ancienne pierre d’autel en granit ; à son sommet, un reliquaire contient les reliques d’un saint non identifié, peut-être Saint Jocond (variation du nom de Saint Jouin, ermite du Poitou au IV° siècle ?). Quatre statues de bois ornent l’autel ; il s’agit des saints jumeaux Gervais et Protais, les saints patrons tenant la palme du martyre, de St Antoine et de St Roch accompagné de l’ange qui le nourrissait lors de sa maladie (certaines versions le représentent avec un chien qui jouait le même rôle). Des logettes plates sont garnies de deux petites statues, les deux autres ayant disparu en 1976. Sur l’autel de la chapelle Sud, se trouve une statue baroque (vraisemblablement Saint Georges) qui est certainement de la même origine que celles de l’autel principal, du fait de leur grande ressemblance de traits et de style. Devant le chœur, on peut voir une bannière de procession du XIX° siècle qui présente, sur une face, le Christ au Sacré-Cœur et sur l’autre, St Michel combattant le Démon (cf. Livre de l'Apocalypse, chapitre 12, verset 7).
Les autres statues dites « sulpiciennes » sont de la fin du XIX° siècle et représentent Ste Anne et la Vierge, St Joseph (1893), le Sacré-Cœur de Jésus, St Antoine de Padoue et l’Immaculée-Conception. La statue la plus surprenante est certainement la Pietà, peut-être du XVI° siècle ; elle est réalisée en torchis, mélange de paille et de terre non cuite sur une structure de bois, matériau modeste qui révèle la pauvreté de la paroisse à cette époque ; elle était à l’origine à la chapelle du Souchet mais a été placée ici pour des raisons de sécurité du fait de la grande vétusté de cette chapelle sise sur le territoire communal. Il faut noter l’étrange changement de l’expression du visage de la Vierge, selon que l’on se place sur sa droite ou sur sa gauche.
Les vitraux figurent la Ste Vierge et St Georges dans leurs chapelles respectives (1887) ainsi que le Saint Esprit (XX° siècle) dans l’oculus. Près de la grande porte, un peu surprenant dans ce cadre campagnard, un bénitier richement décoré de feuilles d’acanthes et portant des traces de polychromie, qui pourrait dater du XVI° siècle ; il en a du moins le style.

Nous espérons que la description de cette modeste église vous a intéressé ; précisons pour terminer que l’autre édifice ancien de la commune, la chapelle du Souchet, fait l’objet depuis fin 2012 d’une opération de mécénat populaire en collaboration avec la Fondation du Patrimoine et que les documents sollicitant votre générosité se trouvent ici ou à votre disposition dans l'église St Georges. Merci !

Texte issu d'un document édité par Creuse Confluence Tourisme et rédigé par Philippe Cholley, président de l’association « Les Amis du patrimoine de Bussière St Georges » avec la collaboration de Mme Lanvin et de M. Auclair - Contact : 
Amis.patrimoine.bsg@orange.fr  -  tél. : 05 55 82 01 09.

Châtelus Malvaleix  -  Église St Pierre

Cette église remonte au XIII° siècle ; elle était placée sous le patronage de l'abbaye Ste Valérie de Chambon sur  Voueize. Comme de nombreuses autres églises de la région, elle fut fortifiée en ces temps d'insécurité chronique... et aussi parce qu'elle était positionnée en poste de guet avancé du château-fort (qui a donné son nom à la localité de Châtelus).

Puis l'église a été agrandie et remaniée aux XV° et XIX° siècles, en particulier par l'adjonction de deux chapelles latérales. Le clocher (XIX° siècle) est d'une forme inhabituelle pour la région ; il se marie d'ailleurs assez mal avec le style du bâtiment ; par contre il forme un couple bien assorti avec le beffroi de la mairie situé à quelques décamètres... 

Parmi les éléments de décoration, citons :

  • plusieurs statues, dont une très originale de l'archange St Michel
  • des chapiteaux sculptés, 
  • un bras reliquaire en bois doré du XVIII° siècle (mais on ne sait plus à quel saint appartient la relique...), 
  • un tableau de l'Annonciation (XVIII° siècle)
  • et un beau retable du XV° siècle en albâtre, d'origine anglaise (atelier dit "de Nottingham"), représentant des scènes de la Passion de Jésus, qui peut être considéré comme un ancêtre de nos chemins de croixUne video sur Youtube  nous présente ce retable (classé Monument Historique en 1904, récemment restauré, situé dans la chapelle latérale Nord).

Pour démarrer la vidéo : cliquez sur le triangle blanc  au milieu de l'image, et n'oubliez pas de régler le son pour entendre les explications et commentaires.
Source de cette vidéo : site du Conseil Départemental, page Culture et patrimoine > Unité Patrimoine et Paysages > Vidéos > Un trésor dans mon département.

 En savoir plus sur l'historique et la description de cette église (qui a été inscrite comme Monument Historique en 1969)

 Voir plus d'images de cette église.

Clugnat - Église Saint Martial

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  • Photo 1 : vue extérieure de l'église.
  • Photo 2 : St Georges terrassant le dragon, peinture murale à l'intérieur.


L'église St Martial (inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques le 13 février 1969) fut édifiée au XII° siècle, puis agrandie au XV° avec la chapelle sud ; la chapelle nord n’a été construite qu’au XIX° siècle. Sur le pignon, une croix antéfixe date du XIII° siècle. Une restauration moderne a remplacé la voûte d'ogives de la nef (XIV° siècle) par un berceau brisé.
La porte d'entrée principale est intégrée dans un clocher porche (photo 1). A l'intérieur, dès l'entrée, on remarque le bénitier et un bloc de pierre, appelé piscine, percé d’un trou qui permettait de jeter huile et eau bénites non utilisées, directement dans les fondations de l’église et non vers l’extérieur.
Plusieurs traces sombres d’une litre funéraire sont visibles sur les murs intérieurs (la litre est une bande noire placée en hauteur, agrémentée de représentations d’un défunt noble et surtout de ses armoiries ; le droit de litre, prérogative féodale, fut supprimé à la Révolution).
La nef proprement dite se compose de trois travées, dont la dernière forme le chœur à chevet droit. En entrant, à gauche, se trouvent de belles peintures murales au pochoir de couleur bleue, bien conservées. Elles ont été découvertes en 1953 par des religieux, et ne sont, pour le moment, pas restaurées. Sur la droite, on peut voir St Georges terrassant le dragon (photo 2), ainsi que le Christ en croix. On remarque également des inscriptions en caractères gothiques, ainsi que deux croix de consécration, les fonds baptismaux, et un « graffiti » relatif à la fonte d’une cloche. A droite encore, un vitrail en grisaille éclaire la nef (la grisaille est une technique qui n'utilise que des nuances d'une même couleur. Elle est utilisée également dans la technique du vitrail, en gris, par ajout d'oxydes métalliques avant la cuisson du verre).
La Vierge Marie est abondamment représentée dans toute l'église. La chapelle sud lui est dédiée, avec un retable de la seconde moitié du XVIII° siècle, un autel du XIX° siècle décoré de deux Vierges à l’Enfant, une statue de Ste Anne et de la Vierge (XIX° siècle) ainsi que Notre Dame de Lourdes, accompagnée d'un portrait de Ste Bernadette Soubirous (favorisée de dix-huit apparitions mariales à la grotte de Massabielle à Lourdes, entre le 11 février et le 16 juillet 1858 ; canonisée le 8 décembre 1933), et encore un vitrail de l’Annonciation fabriqué à Clermont-Ferrand, avec trois lys, symboles de pureté avant, pendant et après l’Annonciation, De jolis culots ornés de têtes soutiennent les voûtes.
La chapelle nord est plus récente et copiée sur la chapelle sud ; deux culots sont d’ailleurs des remplois. Elle est dédiée à St Joseph. On y découvre une statue de style sulpicien (XIX° siècle) de Jeanne d’Arc triomphante, avec ses armes données par le roi de France Charles VII (les fleurs de lys dorées rappellent celles du royaume). On peut aussi voir une plaque commémorative de la Grande Guerre, avec la représentation d’un soldat, d’un coq et d’un gaulois. On retrouve le même type de plaque dans l’église de Bord St Georges, à une quinzaine de kilomètres de Clugnat. Ici, le monument a probablement été réalisé par Miquel, fabricant de statuaire religieuse à Toulouse. Cette chapelle St Joseph présente encore plusieurs statues du XIX° siècle : le curé d’Ars, St Jean-Baptiste, St Antoine de Padoue, le Sacré Cœur, et Ste Thérèse. Le vitrail relativement récent (1878) montre le baptême du Christ.
Dans le chœur, un beau tableau de 1744, signé de La Seiglière (peintre de la manufacture de tapisseries d’Aubusson) représente l’Adoration des bergers à la naissance du Christ. Les chapiteaux et les colonnes antiques à terre au premier plan ont une signification : le peintre fait sans doute allusion ici au paganisme antique (du latin paganus = païen) renversé par le christianisme.
L’autel principal en marbre blanc a été avancé par rapport à son emplacement d’origine, après le concile Vatican II. A noter les beaux piliers du chœur, décorés de têtes humaines. A droite de ce chœur, une statue d’un saint évêque en bois du XVIII° siècle semble être une représentation de St Martial, fondateur du diocèse de Limoges et saint patron de la paroisse. Le vitrail central montre une Vierge à l’Enfant ainsi que St Jean Baptiste enfant ; une autre statue d’une Vierge à l’Enfant remonte au XVIII° siècle.
En levant les yeux, le visiteur constatera la présence de nombreuses étoiles peintes sur les voûtes et plafonds ; celles-ci ont une fonction décorative mais sont également un des symboles de la Vierge dans ses litanies, et sont parfois accompagnées de chérubins, notamment dans la chapelle sud.

Clugnat a possédé longtemps une seconde église, placée sous le vocable de St Jean-Baptiste et remplacée depuis 1879 par une petite chapelle (voir ci-après).
 
D'après un document réalisé par Laura Petiot et Philippe Cholley pour l’Office de Tourisme du Pays de Boussac, avec l’aide de la Mairie de Clugnat et de Mme Françoise Dubois ; le livre de Mme Janine Rapinat sur Clugnat a également été consulté.

Clugnat - Chapelle St Jean-Baptiste

Cette modeste chapelle de la commune de Clugnat se trouve dans un ancien cimetière, appelé le grand cimetière, désaffecté au XIX° siècle. Elle est placée sous le vocable de Saint Jean-Baptiste, et remplace une église qui se trouvait plus bas sur la place à gauche, et qui a été détruite (les pierres ont été réutilisées pour construire la mairie-école). La première pierre de notre chapelle fut posée le dimanche 23 mars 1879.

Des sarcophages mérovingiens ont été découverts lors de travaux sur la place, en 2009. L’un d’entre eux est placé devant la chapelle, mais de nombreux autres sont toujours enfouis dans le sol.

A l'intérieur de la chapelle, deux statues baroques du XVIII° siècle, en bois polychrome, sont installées sur des socles : St Jean-Baptiste (avec  un agneau qui figure le Christ, agneau de Dieu) et un saint évêque (vraisemblablement St Martial, dont l’église principale de Clugnat porte le nom et qui, selon la tradition, a commencé l’évangélisation du Limousin près d’ici, à Toulx Ste Croix, avant d’être nommé premier évêque de Limoges). Sur l’autel se trouve une Pietà du XIX° siècle. Aux murs, se déroule un chemin de croix en lithographie colorée du XIX° siècle. Le clocheton, qui est un petit clocher-mur, abrite une cloche solitaire.

Notons une curiosité du bourg de Clugnat : une frontière l’a traversé, et ce jusqu’à la Révolution. En effet, les provinces de la Marche et du Berry se rejoignaient ici, à quelques pas de cette place. Comme la gabelle (impôt sur le sel) était très élevée de ce côté-ci de la « frontière », et beaucoup moins de l'autre côté... cet endroit fut le lieu de nombreux et fructueux trafics ; les contrebandiers étaient appelés "faux-sauniers".

D'après un document réalisé par Laura Petiot et Philippe Cholley pour l’Office de Tourisme du Pays de Boussac, avec l’aide de la Mairie de Clugnat.

Domeyrot - Église St Denis

L'église d'origine a été construite en style roman (voûte en berceau) au XII° siècle, mais elle a été agrandie et remaniée par la suite :

  • chapelle latérale voûtée d’ogives (style gothique) du XV° siècle
  • magnifique retable en bois peint du XVII° siècle (photo 1 ci-contre)
  • clocher carré du XVII° siècle
  • vitraux du XIX° siècle (photo 4)
  • restauration dans les années 1990
  • vitraux contemporains en tapisserie d’Aubusson, de Jean Fourton, mis en place en 2012.

Photos (cliquer sur l'imagette choisie, puis cliquer sur l'image pour l'agrandir) :

Photo 1 : le choeur et le retable en bois : quatre colonnes torses, corniche supérieure très découpée, couleurs dominantes blanc et or ; tableau central signé du peintre aubussonnais La Seiglière, statues de deux évêques dans les niches latérales (probablement St Denis et St Martial, les deux saints patrons de cette église, bien que St Denis soit habituellement représenté portant sa tête dans ses mains après avoir été décapité) ; le fond de ces niches est peint dans la même nuance de bleu que la voûte ; remarquer les chapiteaux ornés de feuilles, au sommet des colonnes de pierre à l'extrême droite et à l'extrême gauche de la photo.

Photo 2 : la voûte romane en berceau (couleur bleue évoquant le Ciel, avec de petits personnages peints ça et là) ; en bas de la photo, on voit le haut du retable ; le personnage central, qui symbolise Dieu le Père, ouvre les bras pour accueillir les âmes des bienheureux qui montent au Paradis.

Photo 3 : à l'autre extrémité de la nef, la balustrade laisse voir l'intérieur du clocher ; remarquer la frise peinte sur la poutre qui soutient la balustrade.

Photo 4 : vitrail de la Ste Vierge Marie ; admirer la richesse et les couleurs des peintures murales, ainsi que la finesse des sculptures sur bois du Chemin de croix (à droite et à gauche de la baie).

Photo 5 : autel secondaire en marbre blanc dans la chapelle latérale ; statue de la Vierge à l'Enfant Jésus ; voûte en ogive, peinte en bleu comme le Ciel ! remarquer aussi les fleurs de lys stylisées du décor mural.

Photo 6 : autel secondaire avec une statue de St Joseph tenant l'Enfant Jésus dans ses bras.

Gouzon  -  Église  St Martin

L'église St Martin remonte au XIII° siècle, pour ses parties les plus anciennes. Son bâtiment haut et massif, sa forme parallélépipédique et ses puissants contreforts sont caractéristiques du style limousin. A l'origine, c'était la chapelle d'un prieuré dépendant de l'abbaye de Lesterps (aujourd'hui en Charente, près de Confolens). Elle fut ensuite utilisée comme prison, à l'époque de Napoléon I°, avant de devenir église paroissiale en 1828, après des travaux d'agrandissement au cours desquels on lui ajouta le choeur semi-circulaire ainsi que la chapelle latérale du côté nord. Elle a été inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques le 1° mai 1933.

L'église a été entièrement restaurée entre 2001 et 2016. A cette occasion, le mobilier liturgique a été renouvelé. Le nouveau mobilier, d'un style plus contemporain, a été conçu et réalisé par des artisans creusois (Antoine Mazurier et Vincent Crinière, de Felletin), puis consacré et inauguré en janvier 2016. L'ancien autel, qui avait son charme (et qui est aussi inventorié comme Monument Historique), est maintenant dans la chapelle latérale.

Photos ci-dessus (cliquer sur l'imagette choisie, puis cliquer sur l'image pour l'agrandir) : 

1- le choeur semi-circulaire, avec son mobilier contemporain (autel en granit, bancs, croix, ambon hors champ de la photo) qui s'insère dans des éléments plus anciens (stalles de bois, vitraux, statues). Les lames du parquet sont orientées dans tous les sens, symbolisant la Parole de Dieu qui doit se propager dans toutes les directions, vers tous les hommes et tous les peuples, à temps et à contre-temps. La teinte claire du bois donne un aspect lumineux à ce choeur. Les quatre statues dorées dans les niches autour du choeur représentent les quatre évangélistes.

2- l'ancien autel, dans la chapelle latérale du côté Nord.


  Voir plus de photos de cette église, et encore d'autres photos...

  En savoir plus sur les éléments architecturaux de l'église et sur la dernière restauration.

Jalesches - Église St Léger

L’église Saint Léger (XV° siècle, remaniée au XVIII° siècle), qui dépendait de la prévôté d’Evaux, se situe dans un cadre charmant, légèrement en retrait du bourg, sur une petite place agrémentée d’un grand tilleul. Elle possède un clocher typiquement creusois ainsi qu’une croix antéfixe au-dessus de l’entrée principale. Un mystérieux visage sculpté orne le linteau triangulaire de la porte latérale ; on en retrouve deux autres, plus étranges encore car avec la même tête, sur le mur du chevet.

A l’intérieur, la présence de bancs anciens lui donne un cachet tout à fait rustique. De jolis culots servent de points d'appui aux voûtes du XV° siècle, avec des personnages sculptés souriants, ayant l’air de sortir du mur en s’aidant de leurs bras ! Ce type de sculpture se retrouve dans d’autres églises de la région de Boussac, mais c’est ici qu’ils sont les plus remarquables.

Nous retrouvons à l’entrée les fonts baptismaux, un confessionnal ainsi qu’un bénitier en granit portant un blason vide ou effacé. On aperçoit sur la droite un enfeu en granit rosé du XV° ou XVI° siècle (un enfeu désigne l'espace où un tombeau est encastré dans l'épaisseur du mur d'un édifice religieux ; il était généralement réservé aux nobles). On peut imaginer la présence d’un gisant qui aurait disparu, tout comme les armoiries qui sont effacées.

Deux vitraux éclairent la nef : l’un représente St Léger, évêque d’Autun, saint patron de l’église de Jalesches, et l’autre St Roch, saint protecteur contre la peste et autres épidémies, et second patron de l'église. Plusieurs statues agrémentent l’édifice : 

  • St Léger, en face de son vitrail, dans un geste de bénédiction (en bois peint polychrome du XVIII° siècle),
  • St Roch (statue du XIX° siècle), à proximité du second vitrail,
  • des statues "sulpiciennes" de Notre Dame des Victoires (XIX° siècle), de Saint Antoine du Désert avec son cochon (XVIII° siècle), d’une Ste Vierge écrasant le serpent, d’un St Joseph à l’Enfant Jésus, et de Saint Antoine de Padoue avec l’Enfant Jésus et la branche de lys, symbole de pureté. 

On note également deux jolies petites niches du XV° siècle, ainsi qu’un chemin de croix lithographié du XIX° siècle, hélas partiellement abîmé par l'humidité, sur le mur Sud de l’édifice. Sur le côté Nord, une chaire en châtaignier, bien conservée, date de la seconde moitié du XIX° siècle.

L’autel en marbre blanc, avec plaquage doré, remonte à la fin du XIX° siècle. On peut encore voir l’emplacement de l’ancienne grille du chœur, ainsi qu’une croix de procession, elle aussi du XIX° siècle. A droite de l’autel se situe l’emplacement de l’armoire eucharistique (XV° siècle). A proximité se trouve un bloc de pierre percé d’un trou, qui permettait de jeter huile et eau bénites non utilisées, directement dans les fondations de l’église et non vers l’extérieur ; il n’est toutefois pas à son emplacement d’origine.
D’une manière générale, sur l’ensemble de l’édifice, on remarque des traces de peinture rouge ;  ce qui laisse supposer qu'autrefois, l’église était plus richement décorée.
La plaque commémorative des morts de la Grande Guerre est en marbre. Après le nom des combattants tombés pour que vive la France, on peut lire la citation suivante, de Victor Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie - Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie ».

  Un pèlerinage est organisé chaque année à Jalesches en l'honneur de Saint Roch, à une date proche du 16 août (jour de la fête du saint). Il débute par une procession de la statue du saint à travers le village et la campagne environnante, avec arrêts et prières aux différentes croix, et s'achève par la messe. St Roch est invoqué pour se protéger des épidémies, il est donc bien d'actualité de le prier... 

  A côté de l’église se trouve le cimetière communal, peut-être légèrement déplacé par rapport à son emplacement initial. On peut y remarquer plusieurs sépultures en briques, ce qui est assez rare sur notre territoire. Des bols sont retournés sur des tombes, symbole important dans le nord de la Creuse : le bol contenait de l’eau bénite, il symbolise également la fin de vie et la pensée pour la personne décédée ; il est toujours laissé retourné sur la tombe pour supporter le gel. De belles plaques rondes en porcelaine de Limoges, parfois joliment décorées et très bien conservées, ornent certaines tombes.

D'après un document établi par Laura PETIOT et Philippe CHOLLEY, Office de Tourisme du Pays de Boussac.

  En savoir plus sur Jalesches et son patrimoine.

 Voir plus de photos de cette église.

Jarnages  -  Église  St Michel

La construction de cette église romane remonte au XII° siècle ; elle a été fortifiée pendant la guerre de Cent ans, pour se protéger des Grandes Compagnies (bandes de mercenaires, soudards et pillards au service des armées anglaises). Une histoire locale raconte que, lors du siège de Jarnages par les troupes anglaises, un habitant eut l'idée de faire placer nuitamment sur les remparts des troncs d'arbres maquillés en canons ; le lendemain matin, les anglais, voyant ces canons braqués sur eux, jugèrent plus prudent de prendre la fuite...

L'édifice a la forme d'une croix grecque (c'est à dire la forme du signe + avec quatre branches d'égale longueur), ce qui est rare en Limousin. Le portail ouest proviendrait, selon une tradition orale, de l'abbaye des Célestins des Ternes (hameau situé à environ 5 km au sud-ouest de Jarnages), et aurait été intégré à la façade occidentale de l'église à la fin du XVIII° siècle, après la fermeture de cette abbaye en 1777.

Cette église a été classée Monument Historique le 12 novembre 1930.

Photos ci-contre (cliquer sur l'imagette choisie, puis cliquer sur l'image pour l'agrandir) :

1- Grand retable en bois ; les deux statues placées dans les niches représentent : à gauche l'archange St Michel, saint patron de l'église, triomphant du démon ; à droite Ste Jeanne d'Arc, héroïne de la guerre de Cent ans, vierge et martyre.

2- Statue de la Ste Vierge Marie. La couleur blanche de cette statue fait référence à son Immaculée Conception ; elle est décorée d'un rameau de buis béni.

  Voir plus de photos de cette église, et encore d'autres photos... Voir des photos des chapiteaux de l'église   

  En savoir plus sur l'histoire de Jarnages (sur le site Internet de la commune)

Lavaufranche : pas d'église !

La commune de Lavaufranche présente la particularité de ne pas avoir d'église (ni de cimetière), et donc pas de saint patron. C'est une situation relativement rare dans notre région (deux communes concernées en Creuse, une seule en Corrèze, aucune en Haute-Vienne, une seule dans le Puy de Dôme).

C'est d'autant plus surprenant qu'au Moyen Âge, il y eut, dans le bourg de Lavaufranche, une Commanderie de l'Ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem (fondée au XII° siècle), avec une chapelle qui aurait sans doute pu être transformée à peu de frais en église paroissiale... Le bâtiment de l'ancienne Commanderie (avec la chapelle) existe toujours, mais il est devenu propriété privée ; il a été classé "Monument Historique" en 1963.

Il y eut également, au hameau de St Martial (appelé autrefois St Martial de Brugère), une paroisse avec une église, évidemment placée sous le vocable de St Martial. Cette paroisse périclita sous la "concurrence" de la Commanderie, et disparut purement et simplement, peut-être à la fin du Moyen Âge.

En l'absence d'église, la commune de Lavaufranche fut ensuite rattachée, sur le plan religieux, à la paroisse voisine St Martin de Soumans. Cette situation a disparu depuis la création de la grande paroisse de Ste Croix des deux Creuse.

  En savoir plus sur la Commanderie de Lavaufranche (site Internet avec de nombreuses photos) 

Leyrat - Église St Désiré

<= Façade ouest de l'église - Le clocher semble suspendu aux câbles électriques par sa croix (illusion d'optique...) - Cliquer sur l'image pour l'agrandir

  Voir plus de photos de cette église.

La paroisse de Leyrat était jadis une dépendance de St Pierre le Bost ; le patronage en était au prévôt d’Evaux, puis au trésorier de la Sainte Chapelle de Riom (Auvergne). Cette paroisse de Leyrat est de longue date située à la limite des diocèses de Limoges et de Bourges (puis de Moulins après la tardive création de ce diocèse en 1823).

L'extérieur : l’église est située un peu en retrait du centre du bourg. En faisant le tour de l’édifice, on remarque tout d’abord la façade principale (côté ouest), surmontée d’un clocher carré en charpente, mais qui passe ensuite au plan octogonal, comme de nombreux clochers de la région. Ce clocher abrite la plus ancienne cloche du Pays de Boussac (année 1510). Trois contreforts massifs contrebutent cette façade ouest (photo ci-contre). Sur la façade Nord, une arcade en ogive correspond à une chapelle détruite, qui a été rebâtie ultérieurement, un peu plus à l’Est que l’ancienne. L’abside circulaire (Monument Historique, 15 juin 1926) atteste de l’ancienneté de cette église, dont l’origine remonte au XII° siècle ; au-dessus de la baie centrale en plein cintre, et sur les contreforts, court un cordon profilé en bandeau et biseau.

L’intérieur est décoré et meublé de vitraux, de diverses statues et objets religieux. Au premier abord, l’impression est celle d’une église qui a gardé son caractère rustique et intemporel, grâce notamment aux bancs de bois anciens, qui ont été conservés jusqu'à nos jours.

La nef : la voûte est lambrissée et plâtrée ; les statues sont dans leur ensemble de la fin du XIX° siècle : du côté droit, St Antoine de Padoue, et, du côté gauche, St Joseph à l’Enfant Jésus. A l’entrée se trouve une statue de Notre-Dame de Lourdes ; proche de celle-ci, le confessionnal, vraisemblablement du début du XIX° siècle. On note, toujours proches de l’entrée, d’élégants fonts baptismaux en pierre calcaire. Deux bénitiers décorés de feuilles d’acanthes sont placés de part et d’autre de la porte. Le chemin de croix est d'une extrême sobriété : de simples croix sur lesquelles sont collés des médaillons ronds portant le visage du Christ, tous différents dans leur expression. Les vitraux sont constitués de décors floraux géométriques. Sur le mur Nord, une plaque commémorative en relief honore la mémoire des soldats de la Grande Guerre ; on y voit une femme éplorée dans un cimetière, une Pietà qui partage la douleur des mères des soldats morts, et un ange tenant une palme, symbole à la fois de la gloire et du martyre ; en dessous est accrochée la Croix de Guerre.

Le chœur : dans la première partie du chœur, à gauche, une représentation de l’Enfant Jésus de Prague et, à droite, Ste Thérèse de Lisieux, sainte dont la dévotion se répandit dès son départ pour le Ciel en 1897 ; souvent des roses parsèment le socle de ses statues ou trônent dans ses bras, car elle avait promis en mourant « une pluie de roses ». Dans le chœur proprement dit, qui est donc la partie la plus ancienne de l’église, se voient encore des traces de peinture du XIX° siècle, peintures qui ont peut-être recouvert ou remplacé des fresques plus anciennes. On devine une décoration faite de croix, de rinceaux de feuillage et d’étoiles. L’autel principal est en pierre calcaire blanche ; on peut ici voir ensemble les trois autels, datés respectivement des trois siècles derniers, et ainsi comprendre l’évolution de la célébration. La baie du fond du chœur enchâsse le vitrail de Saint Claude, évêque de Besançon à la fin du VII° siècle. Les vitraux latéraux figurent des cœurs : à gauche le Cœur Immaculé et Douloureux de Marie, percé d’un glaive évoquant sa souffrance (cf. Evangile selon St Luc, 2, 35), et à droite, le Sacré Cœur de Jésus, couronné d’épines rappelant sa passion. Près de l’autel sont placés des prie-Dieu ; le plus remarquable est tapissé et montre une échelle et une lance, symboles du crucifiement et de la mort de Jésus.

La chapelle Nord est éclairée par un vitrail en grisaille rose et verte. Dans cette chapelle se trouve désormais l’ancien autel principal, déplacé du chœur, daté du XVIII° siècle et de forme dite « en tombeau » ; il était vraisemblablement doré à l’origine et orné de deux statuettes dans des logettes, lesquelles ont disparu. A sa droite est posée une belle statue du XVIII° siècle en bois naturel, qui représente St Désiré, saint patron de la paroisse, évêque de Bourges mort en l’an 550 (fête le 8 mai, occultée sur les calendriers actuels par la célébration de l'armistice du 8 mai 1945). Dans le mur à gauche de la porte, on remarque un trou dans la pierre ; sa signification est mystérieuse... Au-dessous, une croix ancienne en fer forgé du XVIII° siècle est certainement celle qui ornait autrefois le clocher, et qui a été remplacée.

D'après un document réalisé par Phlippe Cholley et Laura Petiot pour l’Office de Tourisme du Pays de Boussac.

Malleret Boussac - Église St Martin

Le bourg de Malleret-Boussac se situe sur un léger surplomb, dominant la Petite Creuse. Cette paroisse appartenait à l’ancienne province du Berry qui trouvait ici ses confins méridionaux, comme presque tout le pays de Boussac qui fut attribué au département de la Creuse à sa création en 1790. Les dénominations de la paroisse puis de la commune évoluèrent au cours des siècles :

  • capellanus (= chapelle) de Mallareys au XIV° siècle
  • paroisse de Malareys en 1462
  • Malaret en 1625
  • paroisse de Maleraix en 1698
  • Mallereix au XVIII° siècle
  • Malreix en 1793
  • Malleret en 1801
  • Malleret-Boussac en 1911 ; on ajouta -Boussac au nom de la commune, pour la distinguer de son homonyme du Sud creusois et indiquer sa proximité avec la ville de Boussac.

L’église de Malleret-Boussac, en bordure de son bourg ancien, est joliment située en surplomb de la rivière, et jouxte son ancien presbytère ; des jardins potagers l’entourent et l’insèrent dans la vie quotidienne du village, comme dans les temps anciens (pensons au "jardin de curé"). Cette église, d’origine romane (XII° siècle), avec une abside semi-circulaire à contreforts, est placée sous le vocable de Saint Martin de Tours ; elle dépendait autrefois de l’archiprêtré d’Anzême et, comme aujourd’hui, du diocèse de Limoges. 
Sur le parvis, face à la porte, se trouve une croix, classée, ainsi que la traditionnelle pierre des morts, qui recevait les cercueils avant la cérémonie des funérailles. Face à l’église, un chemin conduit à la fontaine miraculeuse dite « la bonne font » ou fontaine St Martin.

Saint Martin apparaît trois fois dans l'édifice : sur un vitrail du XIX° siècle, sur une bannière de procession en soie, et sous la forme d’une statue le représentant en évêque avec crosse et mitre, ce qui est assez rare car il est plus souvent représenté en soldat romain, de passage à Amiens, partageant son manteau avec un pauvre (en effet, les soldats romains devaient payer la moitié de leurs vêtements) ; selon la tradition, le Christ lui apparut en songe la nuit suivante, vêtu de ce même demi-manteau. Né en Pannonie (l’actuelle Hongrie) en 316 ou 317, après avoir quitté le statut militaire, Martin fonde l’abbaye de Ligugé (Vienne) puis doit accepter quasiment de force d’être nommé évêque de Tours le 4 juillet 371 ; c'est lui qui invente les paroisses ; en effet, jusque là l'évêque et les prêtres habitaient dans les cités romaines (l'équivalent des évêchés d'aujourd'hui), et le reste du territoire, la Gaule rurale et forestière, était presque uniquement parcouru et évangélisé par des missionnaires itinérants. Martin meurt à Candes (Indre et Loire), le 8 novembre 397. Il est fêté le 11 novembre, jour de ses funérailles (à noter que cette date était une date importante de la vie des campagnes jusqu’au XX° siècle, car c’était une des dates retenues, avec la St Michel le 29 septembre, pour les changements de métayers). Ce saint est très vénéré dans notre pays ; il fut patron principal de la France jusqu'en 1638 (date de la consécration de la France à Marie par Louis XIII) ; nombre de villages portent son nom et beaucoup de paroisses sont sous son patronage. Hélas, son nom a quasiment disparu des calendriers depiuis 1919 : à la date du 11 novembre on mentionne plutôt l'armistice qui mit fin à la 1° guerre mondiale... oubliant que Martin était aussi un ancien combattant...

L'église, classée Monument historique en 1992, a gardé son caractère rural, dû notamment à son mobilier ancien et à sa voûte lambrissée peinte du XVIII° siècle. A l’entrée, se trouve une cuve baptismale monolithe en granite ainsi que, détail curieux, une urne funéraire gallo-romaine renversée, réemployée comme support d'un pilier de bois. Une litre funéraire court tout le long des murs à l’intérieur de l’édifice (la litre est une bande noire placée en hauteur, qui s'agrémente de représentations d’un défunt noble et surtout de ses armoiries ; le droit de litre, prérogative féodale, fut aboli à la Révolution). Cette litre, très intéressante par son état de conservation, est décorée d’armoiries avec une couronne comtale et des griffons comme tenants (d’argent aux vergettes de gueules, c’est-à-dire blanc et rouge en héraldique) ; elle n’est vraiment visible qu’à certains endroits et on ne peut que la deviner sous le badigeon blanc ; il est possible qu’elle en recouvre une autre plus ancienne. Par ailleurs, dans le chœur subsistent des restes de peintures murales. Sur le mur Sud, un tableau représente la colombe du Saint-Esprit ; il s’agit en fait de la partie haute de la chaire à prêcher. Plusieurs statues, de différentes époques, ornent cet édifice, notamment une Sainte Jeanne d’Arc (début du XX° siècle) et un Saint Expédit, le saint patron des causes urgentes (statue du XIX° siècle). Dans la chaire, se trouve un tableau (malheureusement en mauvais état) qui représente une tête de Christ.
Avec le vitrail déjà cité de St Martin datant du XIX° siècle, on trouve également de jolis et simples vitraux des années 1950 qui montrent, de façon suggérée, le miracle de la multiplication des pains et des poissons, la descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres (noter les petites flammes rouges) et un chrisme (symbole du Christ).
L’élément majeur est le bel autel baroque du XVIII° siècle ; il était orné de quatre statuettes (dont trois ont disparu, la dernière restante ayant été retirée pour des raisons de sécurité) ; on y trouve une Vierge à l’Enfant et, sur des socles latéraux desquels elles ont dû être déposées pour des raisons de stabilité, se trouvaient les statues en bois polychrome de Saint Martin et de Sainte Valérie portant sa tête dans ses mains. Selon la légende reprise dans la Vita prolixior de Saint Martial, Valérie était la fille du gouverneur de la cité de Limoges, dont l'épouse avait accueilli le saint homme dans leur demeure. Promise à un haut fonctionnaire romain, la jeune fille refuse de se marier à un païen. Son fiancé la fait décapiter sur-le-champ. C'est alors qu'un miracle se produit, le bourreau est frappé par la foudre divine et meurt, Valérie ramasse sa tête et marche jusqu'au puy Saint-Étienne où Martial célèbre la messe. Le saint homme prie pour l'âme de la jeune fille qui meurt dans la paix de Dieu. Son fiancé se convertit suite à ce miracle. Les reliques de Ste Valérie sont conservées dans l’église abbatiale de Chambon sur Voueize (Creuse). Ces deux statues se trouvent maintenant sur des autels latéraux. Sur le devant de l’autel, on peut voir un rare antependium en cuir doré, vraisemblablement constitué de morceaux réassemblés. Avant de quitter l’église, remarquer la petite plaque en porcelaine du soldat Lafrance, tombé en 1916.

D'après un document établi par Laura Petiot et Philippe Cholley pour l’Office du Tourisme du Pays de Boussac.

Pierrefitte - Église St Martin "au vieux tilleul"

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La petite église de Pierrefitte (photo 1) est flanquée d’un beau tilleul très ancien, qui rappelle les fameux "Sully", ces tilleuls plantés sous le règne d’Henri IV. De nombreux "tilleuls de Sully" subsistent encore dans des villes et villages de France, sans qu'il soit toujours possible d'établir si la plantation remonte réellement à cette initiative de Sully. Ces arbres étaient destinés à abriter les assemblées des villageois tenues à la sortie de la messe, pour traiter des affaires de la paroisse. Mais notre arbre est-il suffisamment ancien pour avoir connu le XVII° siècle ?...

Devant le tilleul se trouve une croix forgée et fichée sur ce qui semble être un large chapiteau de colonne épannelé (c’est à dire à la sculpture non terminée). Il provient peut-être d’un édifice antérieur.

Cette église pourrait dater de la fin du XV° ou du début du XVI° siècle, et a dû être restaurée et modifiée au XIX° siècle. Elle est placée sous le vocable de Saint Martin, soldat romain né dans l’actuelle Hongrie vers 316, et mort à Candes St Martin (actuelle Indre-et-Loire) en 397, alors qu’il était devenu évêque de Tours. Elle est constituée d’une nef unique à chevet droit, et elle a conservé de l’ancienne église une porte et une petite baie en arc brisé. A noter également la tête sculptée placée dans la maçonnerie du mur. Le clocher dit « en charpente » est surmonté d’un clocheton (photo 1) ; il renferme une cloche unique. A l’intérieur se trouve une cuve baptismale ronde en granit, sculptée d’un étrange masque humain très fruste et d’un décor de rosace, semble-t-il.

Photo 2 : le beau retable en bois ciré, daté de 1687, présente une grande peinture sur toile qui évoque Saint Martin, représenté ici en évêque et non en soldat romain dans la scène bien connue du partage de son manteau avec un pauvre. Une messe est toujours dite dans cette église le jour de sa fête, le 11 novembre. Les niches du retable ne contiennent plus que des statues modernes (une Vierge à l’Enfant à gauche, mieux visible sur la photo 3, et Jeanne d’Arc à droite, mieux visible sur la photo 4). L’avant de l’autel est décoré d'un antependium en soie figurant un pélican, symbole d’amour filial.

Sur le confessionnal est placée une belle statue de la Vierge à l’Enfant du XVIII° siècle (Monument Historique). Sur le mur Nord, une statue en bois de Saint Martin évêque, qui date aussi du XVIII° siècle ; on peut penser qu’elle ornait autrefois l’une des deux niches du retable. Placée sur la cuve baptismale et récemment descendue du grenier, se trouve une statue en bois en très mauvais état ; le saint représenté n’est plus reconnaissable et son état explique qu’elle ait été remisée au grenier... Sur le mur Nord, on voit une série de trois corbeaux (blocs de pierre en saillie, placés pour soutenir une poutre ou une pièce de bois) ; peut-être servaient-ils à soutenir une tribune qui aurait été supprimée. Des statues « sulpiciennes » ornent notre église : l’Enfant-Jésus de Prague (à gauche sur la photo 3), Ste Thérèse, St Joseph, Notre-Dame de Lourdes. Le Chemin de Croix est une lithographie du XIX° siècle rehaussée de couleurs.

La photo 5 représente les armoiries de la commune.

D'après un texte rédigé par Philippe Cholley pour Creuse Confluence Tourisme, avec des renseignements de Mme Chardin.

  Voir d'autres photos de cette église.

Rimondeix - Église St Jean-Baptiste

La commune de Rimondeix, peu peuplée (74 habitants en 2013), a fusionné le 1° janvier 2016 avec la commune voisine de Parsac, sous le nom de Parsac-Rimondeix ; Rimondeix a maintenant le statut de "commune déléguée".

Mgr Sebrand Chabot, évêque de Limoges de 1171 à 1198, donna l'église de Rimondeix aux Chevaliers du Temple. Après la révocation des Templiers (en 1312), elle devint propriété de la Commanderie de Malte, et fut placée sous la dépendance de Blaudeix. C'est un sanctuaire rural comprenant une nef unique se terminant par une abside en hémicycle, voûtée en cul de four. Cette abside, ainsi qu'une partie du mur sud de la nef, datent du XII° siècle ; mais la nef a été entièrement remaniée au XVIII° siècle et voûtée en berceau de briques. La façade occidentale est surmontée par un clocher. A l'intérieur, l'abside présente des colonnettes surmontées de chapiteaux romans, et une peinture murale sur le cul-de-four représentant un Christ en gloire dans une mandorle, entouré des quatre symboles évangéliques (selon le texte de la notice des Monuments historiques)

Cette église, placée sous le patronage de St Jean-Baptiste, a été inscrite à la liste des Monuments Historiques le 26 décembre 1980 ; elle a fait l'objet d'une restauration en 2013.

Photo 1 : vue de 3/4 arrière ; à droite, la magnifique abside romane en hémicycle (c'est à dire en demi-cercle)

Photo 2 : le clocher quadrangulaire, surmonté de la flèche octogonale, elle-même surmontée de son coq girouette. La couverture du clocher est en bardeaux de châtaignier.

Photo 3 : ce chêne séculaire veille sur l'église.      (cliquer sur l'imagette choisie, puis cliquer sur l'image pour l'agrandir)

St Loup - Église St Loup

L'église de St Loup à l'époque du noir et blanc =>

Cette église du XII° siècle, remaniée à diverses reprises, a bénéficié d’une belle restauration en 2011. Elle se compose d'une nef terminée par une abside à cinq pans, de deux chapelles latérales Nord et Sud modernes, et d'un clocher en charpente, à l’extrémité Ouest. Plusieurs dates figurent sur la façade, dont celle de 1584 ; difficiles à lire, elles correspondent  peut-être à l’époque d’une rénovation ou de modifications.

Vie de St Loup : L'église est  placée sous le vocable de Saint Loup, évêque de Troyes (parfois appelé St Leu), né en Lorraine près de Toul vers 395 et mort en 479. Fêté le 29 juillet, il est réputé avoir protégé la ville de Troyes contre les Huns d’Attila. En 451, Attila  effectue une percée en Gaule romaine ; il ravage Reims, Cambrai, Orléans... mais contourne Paris grâce à la prière de Ste Geneviève. Le général romain Aetius finit par l'arrêter à la bataille des Champs Catalauniques, près de Châlons en Champagne. Se repliant vers l'est, la horde des Huns arrive devant Troyes, alors que la ville n'a aucun moyen de défense face aux barbares, car son mur d'enceinte est trop vétuste. Loup envoie donc ses amis Mesmin et Camélien à la tête d'une délégation pour rencontrer Attila, mais ce dernier massacre les ambassadeurs, faisant de Mesmin un martyr. Camélien, lui, survit à ses blessures (et succèdera ultérieurement à St Loup comme évêque de Troyes). L'évêque St Loup part donc lui-même à la rencontre d’Attila, aux portes de la cité. Les deux hommes discutent et c'est à cette occasion qu'Attila s'attribue le titre resté célèbre de « Fléau de Dieu ». Cependant, Loup ne se laisse pas impressionner et répond qu’il se soumet à la punition divine qu’Attila prétend incarner ; mais il le met aussi en garde en lui conseillant de ne pas abuser du pouvoir que Dieu lui aurait confié. Epaté par cette abnégation, Attila laisse la ville en paix et continue son chemin. Il prend cependant Loup en otage afin de couvrir sa retraite ; Loup sera libéré près du Rhin. Attila se recommande à ses prières et lui demande même de l'accompagner plus longuement. La semi-conversion d'Attila, ainsi que le sauvetage de la ville de Troyes, assurent à Loup une grande renommée. Cet épisode le montre comme un évêque fort, protecteur de sa cité, en des temps où l'autorité romaine traditionnelle est en voie d’effondrement sous les coups de boutoir des Grandes Invasions. Il ne resterait de Loup qu'une relique, un fragment de son crâne, aujourd'hui exposé au sein du trésor de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes, le reste ayant été détruit pendant la Révolution.

Notre église : la nef, surmontée d’une voûte semi-cylindrique en châtaignier, amène au faux transept entouré d’une litre funéraire, découverte lors des travaux de 2011. Cette litre, non restaurée, comporte les armoiries des familles ayant contribué à la fondation ou à l’entretien de l’église (à la Révolution, le droit de litre disparut avec toutes les prérogatives féodales). Au sol, des pierres tombales ornées d’épées ou d’une tête de chevalier parsèment le dallage en granit.
D’autres belles œuvres d'art ornent l'église : 

  • dans l’abside en cul-de-four se trouve une Vierge en Assomption entourée d’anges, du XVII° ou XVIII° siècle, qui fut aussi découverte au cours de la restauration de 2011 ;
  • le chœur comporte un maître-autel baroque (fin XVII° ou début XVIII° siècle ; inscrit MH) ; il est orné de statuettes de saints et, au sommet, d’un Christ ressuscité ;
  • sur le mur Nord, un grand tableau du XVII° siècle : "L'Ascension" ;
  • à la limite de la nef et du chœur, deux statues du XVIII° siècle : une Vierge dorée à gauche, et St Loup à droite ;
  • à droite, à l’entrée du chœur, une plaque en pierre calcaire datée de 1666, pour une fondation de messes ;
  • dans la chapelle Nord, un autel avec une Vierge à l’Enfant du XVII° siècle, dans une attitude non conventionnelle ;
  • dans la chapelle Sud, une belle statue en granit du XVI° siècle, qui représente Ste Catherine d'Alexandrie avec un petit personnage à ses pieds et la roue qui fait partie de ses attributs ;
  • le superbe et original Chemin de croix du XIX° siècle en émail, dû à Diogène Maillard ;
  • les vitraux, réalisés par l’atelier Gesta de Toulouse vers 1893/94 ; un grand vitrail représente St Jacques en pèlerin avec un chien (en référence aux pèlerins de St Jacques de Compostelle) ; le fond du chœur est éclairé par un vitrail orné du monogramme IHS (Iesus Hominum Salvator : Jésus sauveur des hommes).

Saint Loup, vénéré ici, est représenté plusieurs fois dans cette église (statues, vitraux) et notamment par une statue en bois naturel du XVIII° siècle ; traditionnellement, elle est sortie en procession sur son brancard pour la fête patronale (29 juillet) ; mieux encore, on la déplace à l’entrée de l’église en cas de risque de grêle et la tradition locale rapporte que l'orage cesse toujours rapidement ; notons à ce propos le nuage de grêle menaçant et l’éclair dans le riche vitrail d’une baie du mur Sud, vitrail qui représente l’entrevue de Saint Loup et d’Attila.
 
D'après un texte rédigé par Ph. Cholley pour Creuse-Confluence-Tourisme. Bibliographie : Eglises de France, Creuse, Louis Lacrocq, Ed. Letouzay et Ané, 1934. Les églises de la Creuse, Alain Mingaud, Ed. Lucien Souny, 2006. Dépliant réalisé par l’ancien office du Tourisme de Gouzon Quatre provinces, 2015. Remerciements à M. et Mme Fayart.

  Voir plus de photos de cette église St Loup (intérieur et extérieur).  

St Marien - Église St Marien

La commune de Saint Marien, à la pointe nord-est de la Creuse, est limitrophe du département du Cher. Elle compte actuellement 189 habitants, mais a eu jusqu’à 547 habitants, fin XIX° siècle et début XX° siècle ; en effet, elle avait su tirer profit de l’implantation sur son territoire d’une gare de chemin de fer, qui devait initialement être localisée à Préveranges (Cher). Ceci explique le nombre de maisons de cette époque, notamment le long de la rue principale du bourg.

L’église de Saint Marien est comme posée sur le côté sud d’une place où se trouvent trois tilleuls centenaires, ainsi que des platanes, qui encadrent le Monument aux Morts. Ses murs datent du XIII° siècle, mais la présence d’une église à cet endroit est certainement encore plus ancienne. Elle est très logiquement consacrée à St Marien, ermite des Combrailles aux V° et VI° siècles, dont la vie nous est connue par les écrits de Grégoire de Tours. Depuis fort longtemps, ce saint est particulièrement honoré à Evaux les Bains, où se trouvent ses reliques. Natif de Bourges, d’abord marié, il se sentit appelé à consacrer sa vie entièrement à Dieu ; il fut donc moine, puis ermite. Il mourut le 19 août 513 et la tradition nous dit que son corps fut retrouvé sous un pommier ; aussitôt un miracle se produisit : des paysans qui le vénéraient virent leurs biens épargnés par un incendie. Un autre miracle fut la restitution, par le brigand lui-même, de deux bœufs volés à leur propriétaire qui s’était rendu au tombeau du saint pour le prier. On raconte aussi que ces bœufs auraient amené le corps du saint à Evaux, au détriment de Chambon sur Voueize : querelle de clochers, dirions-nous aujourd'hui...

Architecture extérieure : de nos jours, le plan de l’église est en croix latine, mais les deux chapelles latérales sont plus récentes que le reste de l’édifice ; on peut constater qu’elles ont été construites entre les contreforts (l’un d’entre eux, au Nord, a même été étêté). Le clocher est typique du Nord de la Creuse, en ce sens qu’il est en charpente, passant sans transition d’un plan carré à un plan octogonal (ce qui se retrouve dans les alentours à Boussac, à Bussière St Georges ou à Bétête, notamment). L’élément le plus notable de l’édifice est certainement son beau portail, en léger retrait de la toiture, qui forme un auvent ; il est de style gothique, construit en granit ; mais le granit n’est pas exploité à proximité, et il a fallu apporter les pierres d’un lieu d’extraction au sud de la Petite Creuse qui constitue la limite naturelle de cette pierre.

Architecture intérieure et mobilier : Le sol, disparate, est constitué de grandes tomettes de terre cuite, assez rares dans cette dimension, et de dalles de granit ; certaines sont vraisemblablement des pierres tombales de réemploi. Les inscriptions, si elles en portaient, ont disparu avec le temps, ce qui ne permet pas de les dater précisément, mais elles sont antérieures au XVIII° siècle. A l’entrée, à gauche, se trouve une grande vasque de pierre monolithique : la cuve baptismale. Le clocher, à une seule cloche, est supporté à l’intérieur par quatre grands piliers de chêne. Six curieuses colonnes, qui semblent incomplètes, sont fixées dans les murs à mi-hauteur ; en fait, elles soutenaient une voûte qui a disparu, sauf au fond du chœur. Ces colonnes, qui ne reposent donc pas sur le sol, sont dites « en sifflet ». Leurs chapiteaux sont joliment décorés de volutes à crochets. Sur la gauche, se trouve un lavabo de pierre (où le prêtre se lavait les mains). Dans le chœur se trouvent à gauche, deux piscines de facture assez rustique ; on les appelle également "lavabo", d’après le premier mot de la formule du rite latin : "Lavabo inter innocentes manus meas, et circuibo altare tuum, Domine : ut audiam vocem laudis tuae, et enarrem universa mirabilia tua" (Je laverai mes mains parmi les innocents et je me tiendrai autour de ton autel, Seigneur : pour entendre la voix qui te loue, et raconter toutes tes merveilles). La décoration des chapiteaux des piliers rappelle celle du portail. La porte de la sacristie est surmontée d’un linteau en accolade, de réemploi mais assez ancien (XV° ou XVI° siècle).
Les statues de la fin du XIX° et du début du XX° siècle sont appelées « sulpiciennes » : Notre Dame des Victoires, St Antoine de Padoue, Ste Thérèse de Lisieux, Ste Anne et la Vierge sont représentés ici. La statue la plus marquante, à la fois par sa taille et par sa signification pour le village, est bien sûr celle de St Marien, en bois polychrome. Très simple, elle a pourtant beaucoup de présence ; la douceur qui rayonne du visage du saint ermite est très bien rendue. Sur un socle se trouve une belle Vierge à l’Enfant du XVIII° siècle, en pierre.
Le vitrail du Sacré-Cœur (daté de 1899) est un don de Mme Chambraud ; il a été réalisé par le vitrailliste Adrien Baratte, de Clermont-Ferrand. Dans la chapelle Sud, se trouve le vitrail de St Marien (XIX° siècle) ; le saint ermite, sous les traits d’un homme âgé, y est représenté vêtu d’une peau de bête, le visage tourné vers le ciel, avec à ses côtés une tête de mort qui symbolise la vanité des choses terrestres. Il nous est montré sous le pommier dont il est parlé plus haut. Un autre vitrail représente St Antoine de Padoue et l’Enfant Jésus au lys.
L’autel situé dans la chapelle Sud est l’ancien autel du chœur qui a été déplacé ; il s’agit d’un autel baroque à ailes ; il est orné de petites statues (un évêque, deux moines et St Jean Baptiste) ; il est surmonté de la statue de St Joseph, plus récente (XIX° siècle). Sur la porte du tabernacle, se trouvent représentés l’Agneau et les Sept Sceaux (allusion au Livre de l'Apocalypse de St Jean, chapitre 6).
Dans le chœur, au fond d’une niche, une peinture est encore bien visible ; elle représenterait un clerc et daterait du XIV° siècle. On peut penser qu’il existait d’autres peintures sous les enduits de cette église ; peut-être une future restauration permettrait-elle de les dégager ? Un grand crucifix du XIX° siècle porte les symboles dorés des quatre évangélistes. Les anciennes grilles du chœur ont été déposées dans la chapelle Nord ; le lutrin est, quant à lui, un ancien écritoire du XVIII° siècle, transformé pour sa nouvelle fonction.
 
D'après un document réalisé par Laura Petiot et Philippe Cholley pour l’Office de Tourisme du Pays de Boussac, avec l’aide de Mme Loschetter.
  Voir d'autres photos de cette église (intérieur et extérieur)

St Pierre le Bost - Église St Pierre

La première construction de l'église remonte vraisemblablement avant l'an mille, à la création de la paroisse de St Pierre le Bost. En 1158 la paroisse se nommait "Ecclesia Sancti Petri de Bosco". A cette époque, l'église était possession de l'ordre religieux de Grandmont depuis 1119, puis des Génovéfains jusqu'à la Révolution.

L'examen des murs nous renseigne sur les différentes reconstructions de l'édifice. Les murs du chœur sont certainement les plus anciens (avant l'an mille) ; les renforts rapportés datent d'au moins quatre époques de travaux de consolidation. Les murs de la nef ont été reconstruits à plusieurs reprises aux XII° et XIII° siècles. L'extérieur de l'ouverture à droite du chœur est à décor trilobé, typique du XIV° siècle ; l'ouverture de gauche, taillée en ogive, est sans doute un réemploi d’un autre édifice : peut-être la chapelle templière de Jurigny, annexe de la commanderie de Lavaufranche et ruinée vers le XV° siècle ? (Jurigny est situé entre St Pierre le Bost et St Marien).

La façade est certainement de construction plus récente. L'appareillage des moellons de granit n'est pas d'origine. Avant le XI° siècle on employait peu de granit dans les édifices, St Pierre le Bost étant assez éloigné des carrières de St Silvain ou de Toulx Ste Croix.

Le clocher fut construit beaucoup plus tard. Les premières églises étaient couvertes en chaume ou en bois (bardeaux). Ce fut le cas à St Pierre le Bost, et ce n'était pas sans risque.... Ainsi, la tempête du « vingt et unième jour de l'an 1645 gasta grandement l'église ainsi que de nombreux bâtimens de la paroisse et alentour » (archive paroissiale de St Pierre le Bost).

On remarque dans le mur Sud les traces d'une ancienne porte, bouchée lors d'une des reconstructions. Cette porte servait à la sortie des morts après la cérémonie, pour les conduire à leur dernière demeure, au cimetière attenant ; notons qu'aujourd'hui l'église est en surélévation par rapport au terrain alentour ; peut-être le cimetière avait-il été remblayé pour faciliter les inhumations... Ce cimetière n’a été transféré à sa place actuelle qu’en 1927.

Dans le mur Sud se trouvent aussi des pierres qui ne sont pas de notre région. Elles ressemblent beaucoup au grès de St Désiré ou de Vesdun, coloré par les oxydes de fer.

A l'intérieur subsistent encore de nombreuses dalles funéraires avec leurs blasons, qui comptent parmi les mieux conservées du pays de Boussac. La plus lisible, datée de 1603, se situe près du chœur. Les archives paroissiales ne permettent pas d'identifier le défunt, mais il s'agit certainement d'un noble de la paroisse. Des dizaines de squelettes gisent là, sous nos pieds, depuis des siècles... Les registres nous donnent quelques noms : Duchier, De Bize, De la Chapelle, De Sainthorent, Beaufils, Chambraud, etc.

Le retable actuel, en pierre calcaire, est de facture récente (fin XIX° ou début XX° siècle) ; il rappelle l’autel latéral de Nouzerines. On peut néanmoins regretter son style qui se marie assez mal avec son environnement.

Dans le chœur, deux beaux bustes en bois représentent Saint Pierre (patron de l'église) et vraisemblablement Saint Paul ; ils datent probablement de la fin du XVII° ou du XVIII° siècle. Au centre, un coffre à décor gothique est une reconstruction à partir de bois très anciens. Son origine est inconnue ; il sert actuellement d’autel depuis les réformes du concile Vatican II. Une pièce de tissu de velours rouge brodé (sans doute un couvre-ciboire) et une bourse à corporal, elle aussi très ouvragée, seraient du début du XIX° siècle ; elles sont ornées de fils dorés.

Dans la nef, les statues en bois, qui représentent la Vierge à l'Enfant (noter le visage d’angelot baroque de l’Enfant Jésus) et peut-être Saint Pierre, ont perdu leurs couleurs au cours des siècles ; un prêtre des années 1960 les avait d’ailleurs mises à tremper dans le lavoir communal pour les nettoyer ! On raconte qu’une lavandière les avait alors pris pour des corps de noyés flottant dans l’eau et en avait été toute bouleversée... Un autre Saint Pierre, lui aussi en bois, mais plus récent (XIX° siècle) a conservé ses couleurs (ou a été repeint...)

Le mystérieux visage sculpté sur la clef de l'arc roman central représenterait Saint Pierre, avec une chevelure assez courte et une barbe bouclée. On peut imaginer que Saint Pierre, avec son attribut (la clef de la voûte céleste), attend là les âmes pures, pour les faire entrer au paradis, tandis que leurs corps mortels partent au cimetière...

Près de l'entrée, se trouvent trois fonts baptismaux : un dans une niche et deux cuves en granit. L’une d'elles pourrait aussi provenir de la chapelle de Jurigny.

Il nous faut encore parler de la légende de la cloche de St Pierre le Bost. Elle aurait été volée dans les temps anciens par des bandits de grands chemins qui, lors de leur fuite, se seraient enlisés et auraient disparu avec leur butin dans les marais de la Fayolle. La nuit de Noël, celui qui passe dans cette contrée entendrait sonner la cloche. Une légende ? ... peut-être pas tout à fait, car avant la construction du clocher, la cloche d'assez petite taille était fixée sur un étrier, donc assez facile à voler. Alors ?…

La marraine de la cloche actuelle est Marguerite Duchier, noble dame de la seigneurie de Jupille, et date de l’année 1632 (inscription gravée dans la cloche).

La croix devant l'église n'a peut-être pas toujours été placée là, car à un carrefour de chemins près du bourg existait une croix dite croix de pierre du Puy Gilbert. Peut-être est-ce celle-ci ?

La croix située à 150 mètres de l'église, en haut de la route du cimetière, est une énigme par sa forme. Déjà en place en 1830, elle était certainement un lieu de procession pour les fidèles. A qui était-elle dédiée ? Qui y priait-on ? Il y a encore bien des mystères à élucider dans ce coin de Creuse…

  Voir plus de photos de cette église (intérieur et extérieur)

D'après un document réalisé par Laura PETIOT et Philippe CHOLLEY à partir des travaux de M. André Villatte, pour l’Office de Tourisme.

St Silvain Bas le Roc - Église St Silvain - Vie et légende de St Silvain

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Photo 1 : Statue de St Silvain ; remarquer les rubans de couleur à sa main droite.

Photo 2 : vue extérieure de l'église ; au premier plan, la façade ouest ; la façade nord se situe à gauche de la photo.

  Voir d'autres photos de cette église (intérieur et extérieur).

Pendant la Révolution, dans le cadre d'une campagne d'élimination systématique des signes religieux, la commune a changé de nom et est devenue Bas-le-Roc ; elle a ensuite retrouvé son nom d'origine, mais les habitants s'appellent toujours les Baslerocois et Baslerocoises.

L'église St Silvain : cette église romane, d'aspect sévère et massif (photo 2), remonte au XII° siècle, puis a été remaniée au XV° siècle.

L'extérieur de l'édifice, avec ses nombreuses portes et baies murées, témoigne des modifications successives réalisées au fil des siècles. On remarque, sur la façade nord, des modillons sculptés qui supportent des fragments de corniche, ainsi qu'une pierre qui faisait office de chasse-roue. Des contreforts plats ainsi qu'un autre, en biais, maintiennent le mur du chevet, à l'est. Le clocher est simple et carré, couvert en bardeaux de châtaignier, matériau d’une grande longévité. En hauteur, on aperçoit (photo 2, façade ouest) une croix antéfixe à la verticale de la porte d'entrée. On remarque également la présence d’un abri métallique, ressemblant aux traditionnels « protège-couronnes » de nos cimetières, qui permet de rassembler et de protéger les cierges lors de la procession de la Saint Silvain, en septembre.

Intérieur de l'église : le visiteur est d'emblée saisi par la voûte lambrissée arrondie, rappelant la forme d'une carène de bateau inversée, refaite récemment, soutenue par des corbeaux en granit. Les bancs anciens donnent un côté rustique à la nef, et contrastent avec les vitraux modernes (1971), en pavés de verre, signés du maître-verrier Louis-René Petit, élève de Soulages. Le sobre chemin de croix est seulement composé de croix numérotées qui évoquent les différentes stations de la montée de Jésus au Calvaire.
On retrouve les fonts baptismaux sur la droite, ainsi qu'un bénitier, une piscine (petit bassin en pierre permettant d’évacuer l’eau bénite dans les fondations du bâtiment) et un lavabo. L'élément principal et le plus marquant est le grand retable en bois peint du XVII° siècle, qui occupe le mur du chevet ainsi qu'une partie des murs latéraux du chœur. Au centre, un panneau de bois sculpté et légèrement en relief représente un saint évêque. Cette partie centrale est séparée des côtés par des colonnes. Des consoles portent les statues en bois de Sainte Valérie de Limoges à gauche, Saint Jean-Baptiste à droite, Saint Antoine et un autre Saint ; Ste Valérie et St Jean-Baptiste sont décapités : dans le cas de Ste Valérie, il s'agit d'une céphalophorie (épisode où un personnage, généralement un Saint, porte sa tête coupée dans ses mains). Les deux statues latérales sont surmontées d'un dais permettant de les couvrir, qui ajoute à l’effet baroque. On retrouve St Silvain à gauche. Sur le maître autel, un tabernacle, richement décoré en bois doré et peint, complète le retable ; on y voit l'Agneau et les Sept Sceaux (allusion au Livre de l'Apocalypse de St Jean, chapitre 6) ainsi que l’inscription "IHS" (Jésus Sauveur des Hommes). Quelle richesse ont les décors baroques de cet autel ! Pots à feu au-dessus du retable, deux chapiteaux sans colonnes, deux mains tenant un chandelier... De cet ensemble se dégage une impression générale de symétrie dans ses décors.
Deux autres retables, plus petits et également de style baroque, encadrent l'entrée du chœur.

Autel latéral droit : On peut y voir des décors de chutes de fleurs (roses, lys...), deux chérubins, ainsi que Notre Dame de Lourdes et une photographie de Bernadette Soubirous (favorisée de dix-huit apparitions mariales à la grotte de Massabielle à Lourdes, du 11 février au 16 juillet 1858 ; canonisée le 8 décembre 1933 par Pie XI). La statue la plus imposante est celle de St Silvain (photo 1) ; des rubans en tissu sont encore accrochés à sa main droite (voir le paragraphe "Pèlerinages" ci-dessous).
A côté de l'autel, on remarque :

  • une ancienne croix de procession, sans doute en argent, installée sur un tabouret
  • une belle bannière de procession, en soie et fil doré, avec St Silvain cousu en relief (remarquer les effets de plissé du vêtement) 
  • le monument commémoratif de la Grande Guerre, qui nous montre que le bourg de St Silvain dépendait autrefois de la paroisse de Boussac.

Autel latéral gauche :
On retrouve encore dans les décors des éléments floraux : pivoines, liserons... ainsi qu'une statue de la Vierge à l'Enfant.

D'autres statues complètent le décor de l'église :

  • la statue restaurée de St Bénodo (à gauche en entrant).
  • une statue naïve de la Vierge allaitant.
  • une statue du Sacré Cœur (XIX° siècle) à proximité du chœur
  • une statue de Ste Thérèse.

Une niche dans le mur du côté nord correspond à l’emplacement d’une ancienne armoire eucharistique.

Vie et légende de St Silvain : St Silvain est fêté le 22 septembre (ou le dimanche qui suit). Son nom s’orthographie traditionnellement avec un I et non un Y, comme dans le nom de la commune ; d'ailleurs, ce nom vient du latin "silva" ou "sylva" (qui veut dire : forêt), déjà avec un I ou un Y...

Etrangement, une légende l'a souvent assimilé au personnage biblique de Zachée, que St Pierre aurait envoyé en Gaule au I° siècle, avec St Martial (III° siècle !...) et quelques autres, pour y annoncer la bonne nouvelle du Christ ; après quoi, il se serait retiré comme ermite à Rocamadour (dans le Lot, ancienne province du Quercy) ; au-delà de cette légende qui prend bien des libertés avec le rythme des siècles, St Silvain était plus probablement un ermite du V° siècle, évangélisateur du Berry ; on cite également un diacre nommé Silvain, mort martyr le 16 octobre 407 à Ahun (l’ancienne Acitodunum des Gallo-romains), inhumé dans la crypte de l’église de cette localité, et fêté le 16 octobre ; il s'agit sans doute de deux personnes différentes. Sous cette réserve, St Silvain serait allé du Quercy au Berry en passant par des lieux dont les paroisses l'honorent ou portent son nom : St Sylvain en Corrèze (près de Tulle), St Silvain Bellegarde, St Silvain Montaigut, St Silvain sous Toulx, St Silvain Bas le Roc, Bonnat (Creuse), Aigurande, Montipouret, Thevet et Levroux (Indre), La Celle Bruère Allichamps (centre géographique de la France métropolitaine, dans le Cher) et Noyers sur Cher (Loir et Cher).

Dans un livre de 1894, écrit par l’abbé Raynaud, ancien curé de St Silvain Bellegarde, et qui avait été sauvé par l’intercession du saint dans son enfance, on peut lire cette naïve légende, que l’auteur tenait de l’abbé Naudet, curé de Noyers sur Cher (au diocèse de Blois) :

 Les habitants de Levroux ayant chassé l’ermite Silvain, après quelques années de sécheresse y virent le châtiment de leur acte ; quelques-uns partirent à la recherche de celui qui pouvait les sauver ; ils rencontrèrent en route un homme qui arrachait des choux et plantait des orties à la place. Questionné sur son geste étrange, il expliqua qu’il faisait comme les habitants de Levroux : il arrachait les bons pour planter les chétifs (prononcer ch’tif) ; ils comprirent qu’ils avaient rencontré celui qu’ils cherchaient et ils le ramenèrent à Levroux.  (cette légende n’est pas connue en Creuse, mais en Berry).

Pèlerinages : Le "chef" (c'est à dire le crâne) de St Silvain est conservé à Levroux. Dans cette localité du Berry, le cinquième dimanche après Pâques, se déroule la "Fête du Chef", pèlerinage local en l'honneur du saint. Le tombeau de St Silvain, qui contient le reste de ses ossements, se trouve à La Celle Bruère (près de St Amand-Montrond), au diocèse de Bourges ; un pèlerinage avait lieu autrefois à la chapelle St Silvain de La Celle Bruère, le troisième dimanche de septembre. A St Silvain Bas le Roc, on fait toujours bénir des rubans (photo 1), lors de la messe célébrée en l'honneur du « bon St Silvain », le jour de sa fête ; puis la statue du Saint est portée en procession.

Une prière spéciale, citée dans le livre de 1894, célèbre notre Saint Silvain comme : Modèle des pénitents, Santé des malades, Protecteur des petits, Patron des enfants et Consolateur de leurs mères.

Miracles : La tradition lui attribue beaucoup de miracles durant sa vie ; on le priait spécialement pour guérir du "feu de St Silvain" (qui est une sorte d'érysipèle). On lui confie toujours les enfants malades ou qu’on veut particulièrement protéger, et spécialement ceux qui souffrent de convulsions ou de faiblesse.

Un miracle insigne est que les reliques de St Silvain aient pu traverser sans dommage les guerres de Religion et la Révolution... D'autres miracles lui sont attribués dans une époque plus récente : en juin 1754, une jeune Auvergnate muette est guérie de son infirmité après une messe à St Silvain. En août 1893, un jeune homme de 15 ans se blesse avec une arme à feu ; le curé, priant St Silvain, obtient la guérison de sa blessure à la tête.

D'après deux documents réalisé par Laura Petiot et Philippe Cholley pour l’Office de Tourisme du Pays de Boussac, avec l’aide de la Mairie de St Silvain Bas le Roc..

Soumans - Église St Martin

Cette église dédicacée à St Martin de Tours, d'une grande simplicité, est du type « église-halle », architecture relativement rare dans la région : il y a peu de différence de hauteur, à l’intérieur de l’édifice, entre la nef et les bas-côtés, d’où l’impression de se trouver sous une halle...
L’église d'origine, de style roman, datait du XII° siècle ; elle a été en grande partie reconstruite au XVIII° siècle, puis une nouvelle fois au XIX° siècle, avec une nouvelle consécration en 1883 ; enfin, elle a été complètement restaurée en 1999 ; les teintes claires des pierres et des enduits lui confèrent un aspect lumineux, à l'intérieur comme à l'extérieur.
Deux contreforts plats, encadrant une fenêtre en plein cintre au chevet plat, sont les seuls vestiges de l’église romane d'origine. Un clocher carré en charpente à flèche octogonale, couvert d’ardoises, domine la nef à l’ouest. Un portail en plein cintre à l’ouest, ainsi qu’une porte au sud, donnent accès à l’intérieur de l’édifice.
La nef a quatre travées et des collatéraux ; les voûtes sont en ogive. La lumière du jour emplit le bâtiment par toute une série de vitraux du XIX° siècle de belle qualité, qui représentent :

  • Ste Valérie, jeune fille d'Augustoritum (aujourd'hui Limoges), au III° siècle, convertie au christianisme par l'évêque St Martial, morte martyre ; elle est vénérée notamment à Limoges et Chambon-sur-Voueize ;
  • St Léonard de Noblat, noble ermite qui a donné son nom à la ville éponyme ;
  • St Louis, roi de France (Louis IX), canonisé en 1297 ;
  • Marie-Madeleine et le Christ sortant du tombeau ; les quatre Évangiles la désignent comme premier témoin de la Résurrection, chargée d'en prévenir les apôtres ;
  • la Ste Vierge Marie ; ce vitrail montre la Vierge à l’Enfant Jésus, et son couronnement ;
  • St Martin, patron de cette église ; ce vitrail se décompose en trois scènes : le partage de son manteau de soldat avec un pauvre en Picardie, son rêve du Christ qui lui apparait revêtu de la moitié de son manteau, et sa mort ;
  • St Joseph, époux de la Vierge Marie ; sur ce vitrail figure le nom du maître verrier qui l'a créé : Charlemagne, à Toulouse ;
  • le baptême du Christ dans le Jourdain, conféré par St Jean-Baptiste (reconnaissable à son vêtement en poils de chameau - Évangile selon St Matthieu, chap. 3, verset 4)
  • St André, apôtre du Christ et frère de St Pierre ;
  • St Blaise, évêque, habile médecin et martyr, reconnu pour ses guérisons ; il a sauvé un enfant qui s’étouffait avec une arête de poisson, aussi l'invoque-t-on (entre autres) en cas de mal de gorge ;
  • St Martial, un des sept missionnaires envoyés de Rome pour évangéliser la Gaule ; il passa notamment par Toulx Ste Croix et Ahun, et fonda le diocèse de Limoges ; son culte se perpétue encore aujourd'hui lors des ostensions (la prochaine est en 2023).

Deux statues d’évêques du XVIII° siècle, dont l’une est polychrome, meublent le chœur. Le crucifix est ancien (XVI°-XVIII° siècle). Une statue sulpicienne de la Ste Vierge Marie, ainsi que de deux petites statues d’évêques (dont St Martin) sont placées de part et d’autre de ce chœur ; à noter également une statue du XVI° siècle représentant St Martial, évêque et « apôtre du Limousin ».
L’autel en pierre calcaire, de la fin du XIX° siècle, présente sur sa face avant des sculptures du Christ entouré des quatre évangélistes : St Jean (avec l’aigle), St Marc (avec le lion), St Luc (avec le bœuf) et St Matthieu (avec l’ange).
Des croix de consécration en plâtre décorent différents piliers, ainsi qu’un beau chemin de croix en lithographie du XIX° siècle.
Dans la sacristie se trouve un grand tableau représentant St Martin, peint par Finet, peintre de la Manufacture Royale de Tapisserie d’Aubusson. Ce tableau est protégé dans cette pièce, avant restauration.
L’église abrite un monument aux morts de la Grande Guerre en tôle émaillée, qui concerne la paroisse de Soumans et ses deux communes : Soumans, mais aussi Lavaufranche qui ne possède pas d’église.

D'après un document réalisé par Laura Petiot et Philippe Cholley pour l’office de Tourisme du Pays de Boussac.

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Soumans - Chapelle St André de Bellefaye

Bellefaye est une ancienne paroisse, qui dépendit successivement de l’abbaye de Déols (près de Châteauroux) puis du chapitre d’Evaux, et revint enfin au diocèse de Limoges. Devenue commune à la Révolution, elle fusionna avec la commune voisine de Soumans en 1829. L'église paroissiale St André devint alors une chapelle, rattachée à la paroisse St Martin de Soumans. C'est un choix surprenant, car Bellefaye est beaucoup plus près du bourg de Nouhant (2 km) que de celui de Soumans (5 km), argument qui aurait dû avoir son importance au XIX° siècle, où les déplacements se faisaient le plus souvent à pied ; mais nous ne connaissons pas les raisons réelles du rattachement à Soumans plutôt qu'à Nouhant...

Situé dans le village de Bellefaye, sur un promontoire bordé de tilleuls et d’un grand cèdre de l’Atlas, non loin du château, le bâtiment de la chapelle remonte au XIII° siècle (inscrit Monument Historique le 14 octobre 1963). Il est placé sous le vocable de l'apôtre St André, frère de St Pierre. Un clocher-mur à deux baies campanaires (mais une seule cloche) domine la façade occidentale, elle-même percée d’un portail brisé à une voussure. Une porte en plein cintre s’ouvre également au sud. Un arc doubleau brisé marque la limite entre la nef unique et le chœur à chevet plat. Une voûte en berceau brisé couvre tout l’édifice. Une cuve baptismale est en partie encastrée dans le mur nord. Remarquer également les pierres tombales, bien conservées.

Ce modeste mais charmant édifice abrite une rare statue en calcaire polychrome de Dieu le Père (classée Monument Historique). La position des mains laisse supposer que le personnage tenait une croix portant le Christ, et donc que cette œuvre était peut-être à l’origine une représentation "inachevée" de la Trinité : inachevée car il manque l'Esprit Saint, donc certains ont parlé de "Binité" au lieu de "Trinité"... mais l'Evangile selon St Jean nous apprend que l'Esprit Saint  est comme le vent, il souffle quand il veut et où il veut, sans qu'on puisse voir d'où il vient ni où il va (Jn, 3, 8) ; donc il peut très bien être présent dans notre statue, mais invisible... 

D'après un document réalisé par Laura Petiot et Philippe Cholley pour l’office de Tourisme du Pays de Boussac.

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