Pèlerinages  locaux

On  recherche  des  informations...

... et surtout des informateurs / informatrices !...

Cette page est toujours en cours d'élaboration... 

L'objectif est de présenter au moins un paragraphe, avec une photo ou une image, pour chacun des pélerinages locaux du doyenné (c'est à dire de l'ensemble des trois paroisses).

Pour cela nous mettons les Internautes à contribution : toutes vos informations, images et photos libres de droits seront les bienvenues. Vous pouvez nous les transmettre à l'adresse suivante :               michel.arnaud52@gmail.com

D'avance, un grand Merci !...

Notre Dame d'Espérance (commune de Roches)

Sur un promontoire rocheux, une statue en fonte de Notre Dame d'Espérance a été élevée en 1877. Des ex-votos, témoignages de grâces reçues, sont apposés dans un oratoire situé un peu plus bas. Ce sanctuaire est une invitation à entrer dans l'espérance avec la Ste Vierge Marie. En 2017, la statue monumentale a été rénovée et peinte aux couleurs de l’apparition à Ste Catherine Labouré (apparitions de la Rue du Bac, chapelle de la Médaille Miraculeuse).

Le pèlerinage est organisé chaque année un dimanche voisin du 8 septembre (fête de la Nativité de Marie) :

  • rendez-vous à l'église St Pierre du bourg de Roches
  • procession dans les rues puis vers la statue (photo ci-dessus)
  • messe en plein air
  • repas tiré du sac.

=> Photo : pèlerinage à l'époque du P. Bortheirie. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

St Mamert (commune de La Villeneuve)  et  les  Rogations

Cette chapelle du XIX° siècle, située en forêt, est consacrée à Saint Mamert, ancien évêque de Vienne. Vers 470, St Mamert institua la prière des Rogations afin de bénir les fruits de la terre et du travail de l'homme (cultures, bétail...) et de les protéger des intempéries et autres calamités naturelles : il s'agissait de processions et de prières qui se déroulaient traditionnellement pendant les trois jours (lundi - mardi - mercredi) précédant le jeudi de l'Ascension. 

Dans la tradition populaire, St Mamert est aussi le premier des trois "Saints de glace", avec St Pancrace et St Servais (fêtés respectivement les 11, 12 et 13 mai). 

Dans les années 1980, se créa une "Association des amis de St Mamert" et commença la restauration de cet oratoire, qui aujourd’hui encore perpétue le souvenir de ce grand témoin de la Foi. Un pèlerinage annuel s'y déroule le 11 mai (ou à une date proche).


 En savoir plus sur St Mamert, sur les Rogations, sur les Saints de glace  

St Michel 
(commune de St Agnant près Crocq)

<= Chapelle St Michel vue par l'arrière - cliquez sur l'image pour l'agrandir

Pèlerinage à St Michel, commune de St Agnant près Crocq, sur un sommet (altitude 834 m), avec une très belle vue, sauf dans les directions où les arbres ont poussé... Ce pèlerinage annuel (messe suivie d'une procession) se déroule le 29 septembre (jour de la St Michel) et rassemble (entre autres) les parachutistes (et anciens combattants parachutistes), corporation dont l'archange St Michel est le saint patron. Pourquoi ? Il se dit que c'est à cause de ses ailes, et aussi parce qu'il est traditionnellement représenté avec une épée, combattant et terrassant le dragon (pour les militaires, et d'une certaine manière, le dragon symbolise l'ennemi...).

A noter : une heure environ avant la messe, une cérémonie civile officielle est habituellement organisée au Monument aux Morts du bourg, en présence des autorités et des anciens combattants.

PRIERE A SAINT MICHEL

Tu es connu du monde entier,
Michel, un de nos défenseurs.
La dureté de ton rocher,
l'isolement ne font pas peur.
Tu n'es pas seul à affronter,
Le mal qui veut nous dominer.
Tu luttes contre les tempêtes,
Au bout d'un monde menacé,
Avec la force du Seigneur,
Qui tient ton bras, pour libérer.
Tu as été recouvert d'or,
Non pour ta gloire personnelle,
Alentours, tu fais rayonner,
Cette clarté venue du ciel.
Saint Michel, plaide notre sort,
Pour terrasser le mal en nous,
Ainsi, nous remettre debout,
Que Dieu insuffle Sa vigueur.

E.G.

Illustration : statue dorée de l'archange St Michel, au Kremlin de Moscou - Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Bénédiction des 
pèlerins à St Marien

 Nous te prions, Dieu notre Père, pour les pèlerins du pays de Combrailles qui prennent la route de l'Evangile en la mémoire de Saint Marien, ermite et chercheur de Dieu.

Envoie sur eux et leurs familles ton Esprit Saint : qu'il les mette dans la lumière et la vérité, qu'il les guérisse par son amour, qu'il les encourage et les fortifie par sa puissance, qu'il fasse grandir en eux la connaissance et l'amour de Jésus le Vivant, dans l'espérance de le voir un jour, par delà la mort, dans la lumière de sa Gloire.

Nous te le demandons à Toi qui es notre Père, pour les siècles des siècles. Amen.

Et que Dieu tout puissant nous bénisse, le Père, le Fils et l'Esprit Saint  . Amen.  

Pèlerinage de St Marien (commune d'Evaux les Bains)

=> Chapelle St  Marien - cliquez  sur l'image pour l'agrandir


Chaque année a lieu le pèlerinage à la chapelle de St Marien, sur une éminence dominant le confluent du Cher et de la Tardes, dans un site boisé et sauvage. 

A quelle date ? un dimanche du début octobre (proche du 19 septembre, jour de la St Marien ; il semble qu'autrefois, la date de la fête de St Marien était début octobre).

Regroupement à 8h devant la châsse de St Marien à l'abbatiale d'Evaux ; bénédiction des pèlerins (voir le texte ci-contre à gauche) puis départ (marche facile, environ 2 heures en descente, avec halte-ravitaillement à Dorgues) ; pour les personnes qui ont des difficultés à marcher, possibilité d'aller en voiture jusqu'à un parking situé non loin de la chapelle ; messe à 11h.


  En savoir plus sur l'ermite St Marien (VI° siècle), saint patron de la paroisse.

  En savoir encore plus sur le site de St Marien 

Autres  pèlerinages  locaux dans l'Est creusois

Photo ci-contre => pèlerinage de St Roch à Sermur, le 17 août 2019. La statue du saint est portée en procession sur un brancard. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

  • Arfeuille Châtain : Messe de la St Christophe, à une date proche du 25 juillet (jour de la fête de St Christophe, patron des voyageurs), à l'église du village de Châtain. La messe est suivie de la bénédiction des automobiles (et autres moyens de transport) et de leurs conducteurs et conductrices.
  • Auzances : La chapelle Ste Anne fut autrefois le centre d'un pèlerinage important. On y venait notamment prier Ste Anne pour mettre fin à la stérilité et pour favoriser les accouchements. Cette tradition s'est perdue de nos jours, mais une messe est toujours célèbrée dans cette chapelle (restaurée en 2024), à une date proche du 26 juillet.
  • Boussac : Pèlerinage de la Ste Anne, un dimanche proche du 26 juillet (date de la fête de Ste Anne, mère de la Vierge Marie). La messe est précédée d'une procession : rendez-vous au jardin public et procession jusqu’à l’église (environ 300 m).
  • Brousse : Procession dans le village, à l'occasion de la messe annuelle célébrée aux environs du 24 juin, fête de la nativité de St Jean-Baptiste, patron de la paroisse et aussi de l'Ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem (aujourd'hui Ordre de Malte), car l'église de Brousse fut jadis une chapelle hospitalière.
  • Budelière : Pèlerinage à la chapelle Ste Radegonde, au dessus du confluent de la Tardes et du Cher, à une date proche du 13 août (date de la fête de Ste Radegonde). Messe suivie d'une procession à la fontaine et d'une bénédiction.
  • Le Chauchet : Pèlerinage à Notre Dame du Chauchet. Avant la messe de la Nativité de la Vierge Marie (à une date proche du 8 septembre), se déroule une procession traditionnelle de dévotion à Notre-Dame, entre l'église et un sanctuaire situé en bas du bourg.
  • Crocq : Pèlerinage à Notre Dame de Crocq, le premier dimanche de juillet. La procession, escortant la statue fleurie de Notre Dame de Crocq, part de la chapelle Notre Dame de la Visitation et se dirige vers l'église St Eloi, où la messe est célébrée ; après la messe, procession de retour de la statue à la chapelle. Voir également ci-dessous le pèlerinage à Notre Dame d'Arfeuille, située géographiquement dans la commune voisine de St Pardoux d'Arnet, mais tout près du bourg de Crocq..
  • Dontreix : Pèlerinage aux Rochers de St Julien, à une date proche du 28 août (date de la fête de St Julien de Brioude). Procession dans le bois de Drouille derrière la statue du saint, suivie de la messe. Saint Julien, ancien soldat romain converti au christianisme, se réfugia et se cacha dans cette forêt, près de ces rochers, et malgré le voisinage des loups, pour échapper à ses persécuteurs romains.
  • Evaux les Bains : Pèlerinage à Notre Dame de Bord, au début du mois d'août. Marche depuis l'abbatiale d'Evaux jusqu'aux rochers de Bord (site ressemblant à celui de la grotte de Lourdes), où se déroule une prière mariale. Attention, sentier difficile, se munir de bonnes chaussures de marche.
  • Evaux les Bains : Pèlerinage à Notre Dame d'Evaux, à une date proche du 15 août (date de la fête de Notre Dame de l'Assomption). Procession dans la ville derrière une statue de la Sainte, suivie de la messe à l'abbatiale.
  • Evaux les Bains : Pèlerinage à la chapelle St Marien ; voir ci-dessus.
  • Flayat : Pèlerinage à la chapelle et à la fontaine St Clair, dont l'eau est réputée pour guérir les maladies des yeux et "y voir Clair", à une date proche du 2 juin (date de la fête de St Clair)..
  • Jalesches : Pèlerinage de la Saint-Roch, à une date proche du 16 août (jour de la fête de St Roch). Procession de la statue du Saint à travers le village et la campagne environnante, avec arrêts aux différentes croix, suivie de la messe (en plein air si le temps le permet) et du verre de l'amitié.
  • Lussat : Pèlerinage de la St Christophe, à une date proche du 25 juillet (jour de la fête de St Christophe, patron des voyageurs). La messe est suivie de la bénédiction des automobiles (et autres moyens de transport) et de leurs conducteurs et conductrices.
  • Roches : pèlerinage à Notre-Dame d'Espérance ; voir ci-dessus.
  • St Agnant près Crocq : pèlerinage à la chapelle St Michel ; voir ci-dessus.
  • St Bard : à une date proche du 20 juillet (fête de Ste Marguerite), messe suivie d'une procession vers la source Ste Marguerite (sous réserve des conditions météo) ; cette procession avait disparu des calendriers dans les années 1980 mais elle a été reprise en 2023.
  • St Frion : Pèlerinage à Notre Dame de Fontfeyne (entre Felletin et St Frion), à une date proche du 8 septembre (date de la fête de la Nativité de la Vierge Marie) : messe et procession vers la Croix de Fontfeyne.
  • St Julien la Genête : Pèlerinage de la St Julien, à une date proche du 28 août (date de la fête de St Julien de Brioude, qui a donné son nom au village) ; procession à la fontaine, puis messe à l'église.
  • St Loup : à la fête de St Loup (évêque de Troyes au V° siècle), à une date proche du 29 juillet, une statue du saint est sortie en procession sur son brancard ; et toute l'année, on la déplace à l’entrée de l’église en cas de risque de grêle, pour protéger le village et ses habitants, les cultures et le bétail.
  • St Marien (au nord de Boussac, ne pas confondre avec la chapelle St Marien à Evaux les Bains) : un pèlerinage était jadis organisé tous les 10 octobre à la fontaine d'Arnon, près de la source de l'Arnon (affluent du Cher), au lieu-dit Jurigny ; le dernier pèlerinage remonte à... 1892. Qui reprendra cette antique tradition ?...
  • St Michel de Veisse : Pèlerinage à la chapelle Notre Dame de la Borne, le lundi de Pentecôte.
  • St Pardoux d'Arnet : Pèlerinage à Notre Dame d'Arfeuille (chapelle du lieu-dit Arfeuille, situé entre Crocq et St Pardoux d'Arnet), à une date proche du 8 septembre (date de la fête de la Nativité de la Vierge Marie) : messe suivie d'une procession à la fontaine.
  • St Priest : Fête en l'honneur de Notre Dame des Neiges, à une date proche du 8 septembre (date de la fête de la Nativité de la Vierge Marie). Selon une tradition locale, deux personnes s'étaient égarées dans la neige, mais Notre Dame les a éclairées et remises sur le bon chemin. Ces deux personnes symbolisent des pèlerins qui suivent le chemin de leur vie ; les flocons de neige tourbillonnante représentent les séductions du monde qui brillent, nous aveuglent et nous égarent, sans que nous nous rendions compte de l'endroit et du moment où nous avons quitté le bon chemin.... Heureusement, la Ste Vierge est là et veille sur nous, à notre prière, même quand nous ne sommes plus sur la bonne route, celle de l'Eglise...
  • St Quentin la Chabanne : Pèlerinage de Notre Dame sous Terre, à une date proche du 15 août (date de la fête de l'Assomption de la Vierge Marie) : messe et procession avec la Vierge Noire, dont le brancard est décoré de rubans en tissu ; la procession part de l'église et va jusqu'à une statue de la Ste Vierge, avec un arrêt à la hauteur du cimetière, où l'on prie pour les défunts ; puis l'on revient à l'église par le "chemin des écoliers" ; les pèlerins peuvent obtenir un morceau de ruban, qui symbolisera leur attachement à Ste Marie, notre Maman du Ciel.
  • St Silvain Bellegarde : Pèlerinage de St Silvain, à une date proche du 22 septembre (date de la fête de St Silvain) :procession à la fontaine et messe.
  • St Silvain Bas le Roc : à une date proche du 22 septembre, pèlerinage de St Silvain, ermite au V° siècle et évangélisateur du Berry. Messe en l'honneur du « bon St Silvain », bénédiction de rubans, suivie de la procession avec la statue du Saint et les rubans en tissu qui lui sont accrochés.
  • Sermur : Pèlerinage de la St Roch au pied des vestiges de la tour médiévale, à une date proche du 16 août (date de la fête de St Roch) ; messe suivie d'une procession à la fontaine (voir photo ci-dessus). Attention, le chemin qui mène à la fontaine est assez difficile et les pierres qui le pavent peuvent être glissantes s'il a plu, donc se munir de bonnes chaussures de marche.
  • Tardes : pèlerinage à la chapelle de Mazeirat, à une date proche du 15 août, date de la fête de l'Assomption de Notre-Dame ; la statue de la Ste Vierge Marie passe en tête d'une procession qui part du grand tilleul et se dirige vers la chapelle où est ensuite célébrée la messe ; pendant la procession, les pèlerins chantent un cantique marial. La chapelle étant entourée de l'ancien cimetière, une prière est dite pour les défunts du village.
  • Trois Fonds : le nom de la commune vient de "Trois Fontaines" dédicacées à Ste Anne ; le pèlerinage consiste en une procession à une date proche du jour de la Ste Anne (26 juillet), procession qui part de l'église St Sulpice et qui visite successivement les trois fontaines, avec bénédiction ; puis retour à l'église pour la célébration de la messe.
  • La Villeneuve : pèlerinage à la chapelle St Mamert ; voir ci-dessus.

(à compléter, aidez-nous !...)

Ostensions  limousines

Les ostensions sont des cérémonies et processions organisées une fois tous les sept ans, autour des reliques de saintes et de saints conservées dans des églises du Limousin.

Elles sont inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco.

La première ostension a eu lieu à Limoges, en l'an 994, et elle est réputée avoir arrêté une épidémie de "mal des ardents" (maladie mortelle due à un parasite de l'ergot de seigle) : 7000 malades guéris ! Aussi les ostensions se sont rapidement multipliées au Moyen-Âge, puis ont résisté aux guerres de religion, avant de disparaître à la Révolution, et de réapparaître plus timidement ensuite. Les plus récentes ostensions se sont déroulées en 2023 ; les suivantes sont donc pour 2030. Elles nécessitent une bonne année de travail de préparation intensive...

De nos jours, une seule ostension se déroule dans l'est de la Creuse, plus précisément à Crocq (paroisse Notre Dame de Haute Marche), en l'honneur de St Eloi (588-660, évêque de Noyon, bien connu pour avoir été ministre du roi Dagobert, comme le proclame une célèbre chanson...).

Des ostensions ont également eu lieu à Chambon sur Voueize et Evaux les Bains, en 1953 - 1960 - 1967, en l'honneur des reliques de Ste Valérie (à Chambon) et de St Marien (à Evaux) ; elles étaient organisées le même jour, le matin à Chambon et l'après-midi à Evaux ; ainsi, les personnes venues de loin (et en particulier de Limoges et de la Haute-Vienne) pouvaient participer aux deux ostensions en un seul déplacement. Cette tradition s'est ensuite perdue...

 Ostension de Crocq, le 16 juillet 2023 (jour de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel).

 En savoir plus : sur les ostentions limousines, sur l'ostention de Crocq.

 L'esprit et la ferveur d'une autre ostention, celle d'Aixe sur Vienne, à travers de magnifiques images... 

=> en haut à droite : statue de Notre Dame de Crocq, portée en procession lors de l'ostention 

septennale et de la fête patronale annuelle (début juillet). Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

L'ultime pèlerinage de nos anciens

Dans nos campagnes marchoises, à l'entrée d'un village, à un croisement de chemins, au sommet d'une côte, il est courant de voir une croix au pied de laquelle se trouve parfois une pierre plate, allongée et reposant quelquefois sur deux autres pierres. Cette pierre, maintenant recouverte de mousse, s'est enfoncée dans la terre, ou a tout simplement disparu, réutilisée à d'autres fins comme on le voit sur la photo ci-contre où la "pierre des morts", placée debout, sert maintenant de socle à une croix (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Avant de transporter le cercueil du défunt dans un corbillard, charrette attelée à un cheval ou tombereau, on le portait à pied, de sa maison jusqu'à l'église. Ce sont les amis et voisins du mort qui portaient son cercueil sur leurs épaules, souvent sur plusieurs kilomètres. Les porteurs s'arrêtaient régulièrement pour se reposer ou se relayer. Ils posaient alors le cercueil au pied d'une croix, sur cette pierre plate appelée "pierre des morts", "reposoir à cercueil", ou encore "pierre de pose", que l'on pourrait d'ailleurs aussi bien écrire "pierre de pause"...

Au cours de leurs haltes, les porteurs, la famille et les proches étaient rejoints par les personnes, voisins et amis se rendant à l'enterrement. Les nouveaux arrivants trempaient la tige de buis des Rameaux de l'année dans l'eau bénite contenue dans un récipient porté par une amie de la famille, et en aspergeaient le cercueil. Une cavité creusée dans le granit de la pierre pouvait servir à maintenir ce bol rempli d'eau bénite, bol qui avait été auparavant placé au chevet du disparu dans la chambre mortuaire. Il pouvait avoir appartenu au défunt lui-même, et représentait toute sa vie : c'était le bol simple mais aimé qu'il avait tenu deux à trois fois par jour entre ses mains, dont le contenu l'avait réchauffé, et lui avait redonné de l'énergie pour mener à bien sa tâche quotidienne... Certaines familles laissaient le bol dans ou sur la tombe ; ou bien, quand on le ramenait à la maison, il devenait le "bol sacré" qui avait appartenu à l'ancêtre défunt. En Creuse, sur certaines tombes, alors que toute autre trace a disparu, on voit encore parfois certains bols renversés, ébréchés ou dissimulés sous un autre pot. Cassés par le gel, la grêle, le vent, ou encore une chute de branche, beaucoup ont été jetés car on n'en voyait plus l'utilité... 

Après l'arrêt à la "pierre des morts", le cortège funèbre repartait. Comme le trajet suivi était toujours le même, l'habitude a été prise d'appeler ce lieu de passage le "chemin des morts" - appellation qui a perduré... - Le prêtre venait au-devant du cortège, ou bien l'attendait devant le portail principal de l'église où les porteurs déposaient le cercueil sur le "reposoir à cercueil", pour la première bénédiction : "Que le Seigneur, lumière pour ceux qui gisent dans l'ombre de la mort, guide nos pas sur le chemin de la paix".

Mais où sont passés les corbillards d'antan ?

"Mais où sont les funérailles d'antan ?

Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
De nos grands-pères
Qui suivaient la route en cahotant .... 

"Maintenant, les corbillards à tombeau grand ouvert
Emportent les trépassés jusqu'au diable vauvert..."

(Georges Brassens)

Pour les journées du patrimoine de septembre 2020, la commune de St Silvain Bellegarde a exposé son "corbillard hippomobile municipal à baldaquin", inscrit le 18 février 2014 aux Monuments Historiques au titre d'objet, sous la référence PM23001139. Il nous ramène à la belle époque du film "Manon des sources"... ou des aventures de Lucky Luke, quand le croque-mort était un personnage important des villages du Far-West...

Au XIII° siècle, on appelait "corbeillards" ou "corbillats" des bateaux à fond plat, tirés par des chevaux depuis le chemin de halage, et utilisés pour transporter des vivres et des matériaux, de Corbeil (au confluent de l'Essonne et de la Seine) jusqu'à Paris. Mais voilà qu'en novembre 1347, la Grande Peste arrive au port de Marseille, en provenance de l'Orient, puis se propage de village en village, et atteint Paris le 20 août 1348. En cinq ans, cette épidémie va emporter jusqu'à la moitié des européens de l'époque, selon certaines sources, soit 25 à 45 millions de victimes, dont le tiers de la population française (d'après le chroniqueur Jehan Froissart). Pour évacuer les cadavres des pestiférés parisiens, on réquisitionne les "corbeillards". Ce mot sera déformé en "corbillard" et désignera, en France, les véhicules funéraires de toutes espèces...

Au temps jadis, le cercueil était porté à bras d'hommes par des proches du défunt, à travers la campagne creusoise, jusqu'à l'église et au cimetière, avec des pauses-poses-déposes-reposes aux pierres des morts. On a ensuite utilisé soit une charrette à bras, poussée ou tirée par des hommes, soit des véhicules plus importants à quatre roues avec un baldaquin plus ou moins décoré, tractés par un ou plusieurs chevaux. Dans les pays occidentaux, ils étaient peints en noir, la couleur du deuil, avec parfois des ornements blancs ou argentés (croix, larmes, etc...). Pour les jeunes enfants décédés, le corbillard et les ornements pouvaient être blancs. Le blanc est également la couleur du deuil... en Chine ; en Belgique, la reine Fabiola avait créé la sensation en participant aux obsèques de son mari, le roi Baudoin, vêtue d'une robe blanche, symbole de Résurrection.

Construit dans le premier quart du XX° siècle (peut-être en 1924), notre corbillard hippomobile est arrivé à St Silvain Bellegarde en avril 1937. La plaque du fabricant, vissée à l'avant sous le siège du cocher, indique qu'il a été réalisé par un carrossier du Champ de Foire à Chénérailles, M. Edouard Bellegy. La commune l'aurait acheté d'occasion, grâce à une souscription publique, pour la somme de 3150 francs de l'époque. "Garanti à tous points de vue et exempt de tout vice de construction", mentionne fièrement la facture...

Pour son utilisation, la municipalité demandait 10 francs aux indigents (ce qui représentait le prix de 3 kg et demi de pain), 20 francs pour les autres habitants de la commune et 30 francs pour les personnes venues d'ailleurs. M. Raymond Colas, du bourg, était chargé de son entretien, moyennant une rétribution de 10 francs par enterrement. Quant au cheval, il était fourni par la famille ou les voisins du défunt. 

Bien qu'arrivé assez tardivement à St Silvain, à une époque où les villes commençaient à adopter l'automobile, le corbillard a encore servi plus de 20 ans. Puis, dans les années 1960, le menuisier de Bellegarde, M. Léon Couturier, fournit à la fois le cercueil et le transport du défunt en véhicule automobile, de son domicile jusqu'à sa dernière demeure, muni, presque toujours à cette époque, des sacrements de l'Eglise.

 à noter : d'autres corbillards hippomobiles est-creusois ont également été inscrits aux Monuments Historiques à titre d'objets, à La Courtine, Issoudun Létrieix, Poussanges, St Alpinien, St Georges Nigremont, St Martial le Mont, St Médard la Rochette (deux dans la commune !), St Pardoux d'Arnet, St Pardoux les Cards. C'est donc une spécialité locale !

Un proverbe pour conclure : Mieux vaut arriver en retard qu'en corbillard. A méditer par les fous du volant, ceux qui roulent "à tombeau ouvert" !